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Critique de Meygisan
Une oeuvre de Corbeyran ne se lit jamais qu'à un seul niveau. C'est le cas pour cette série. Si l'on s'en tient à l'histoire, très bien scénarisée, bien illustrée et maîtrisée de main de maître, on passera un excellent moment dans ce monde futuriste pas si éloigné du nôtre que cela. Si l'on veut bien se donner la peine de lire entre les lignes, de poser un peu la bd et prendre un peu de recul, pour réfléchir à ce que cela provoque en nous. L'oeuvre de Corbeyran n'est pas anodine, elle provoque forcément la réflexion, le questionnement sur nous mêmes, sur notre propre condition. Et dans ce tome il s'agit clairement de la condition humaine à l'image de cet inspecteur qui cherche en vain sa propre humanité dans ce monde déshumanisé. D'ailleurs sa situation frise l'ironie dans toutes ses mises en scène: son rôle de policier dans la pièce de théâtre, sa pseudo histoire d'amour. Tout est factice et on ne peut qu'éprouver de la compassion à l'égard de ce personnage, qui n'existe pas en soi, qui voue entièrement sa vie et ses pensées au système. Cet exemple illustre, parmi tant d'autres, la double lecture que permet cette bd. Sur la forme, l'inspecteur poursuit sa mission d'infiltration et sert donc le récit, et sur le fond, il donne à réfléchir sur le sens de l'humanité. Chaque personnage n'est pas le fruit du hasard et Corbeyran réussit à nous passer son message, en nous laissant libre de l'interpréter à notre convenance.
