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Critique de sylviedoc


L'amour maternel est-il inné ou acquis ? Peut-on l'avoir à la naissance d'un enfant et le perdre ensuite ? Puis aimer sans réserve un de ses enfants et se mettre petit à petit à rejeter le second ? Voici le genre de questions qu'on se pose à la lecture de ce livre, qui choquera sans doute plus d'un parent.
Elle, c'est la mère d'Esther, 8 ans, et d'Alban 5 mois. On ne la nomme jamais, mais l'histoire est narrée de son point de vue. Elle est mariée à Vincent, un brave gars mais qui ne réalise pas trop ce qui se passe entre sa femme et leur bébé. Ce bébé qui au départ "n'était pas voulu, mais (qui)a été attendu" , et accueilli avec joie. Mais voilà que tout-à-coup, il n'est plus parfait, il a un défaut. Oh, pas grand-chose, juste une petite tache noire dans le cou. Mais les jours suivants, il va y en avoir d'autres, de différentes nuances... Affolée, la mère va chercher une explication auprès du pédiatre, et celle qu'il va lui donner va bouleverser la vie de toute la famille. Et l'aveu tardif du grand-père maternel ne va rien arranger, au contraire.
On assiste dès lors au "désamour" de la mère pour son bébé, qui va même se muer en dégoût, à tel point qu'elle va le comparer au cafard de "La Métamorphose" de Kafka, et songer à "l'écraser". Elle voudrait le rendre, comme on peut rapporter un achat qu'on regrette, ou qui ne convient finalement pas. Et surtout, elle ne veut pas qu'on le voit, y compris Esther, qui elle, adore son petit frère et se pose bien des questions.
Ce qui m'a surtout frappée dans cette lecture, c'est l'aveuglement de l'entourage, alors qu'une certaine forme de maltraitance est manifestement visible à n'importe quel personne un tant soit peu attentive. Et le pédiatre ne se pose pas trop de questions non plus, alors qu'il aurait un rôle d'accompagnement à jouer face à la détresse de la mère. Il est facile d'accabler celle-ci, mais est-elle la seule à blâmer ? Elle se retrouve seule face à son "problème", et le résout par de mauvais moyens, ne sachant à qui s'adresser.
L'écriture est assez agréable, truffée de références littéraires, de jeux de mots et s'adapte aux différents registres de vocabulaire des personnages Esther, le grand-père...). Mais elle m'a quand même semblé bien froide et trop distanciée par moments. Par contre j'en ai appris beaucoup sur les nuances de couleurs !
Le sujet m'a interpellée car il y a eu un cas similaire dans ma famille adoptive il y a 4 générations, et à l'époque il n'y avait pas d'autres alternatives envisagées que la culpabilité de la mère, aussitôt répudiée et mise au ban de la société blanche protestante dont elle faisait partie. Son "honneur sali" a été lavé des décennies plus tard par une explication scientifique...mais sa vie était gâchée depuis longtemps ! A l'heure actuelle, ce genre de cas ne devrait plus susciter de réactions aussi violentes, puisqu'on sait en trouver l'explication.
Je reste sur un ressenti mitigé, ce livre n'a pas soulevé l'enthousiasme en moi, et m'a plus surprise que choquée.

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