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EAN : 9782290250020
384 pages
J'ai lu (12/01/2022)
3.73/5   174 notes
Résumé :
« Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ? »

Que fait cette tache, noire, dans le co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (85) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 174 notes
Epouse heureuse et mère comblée d'une fillette de huit ans, la protagoniste du roman accueille avec bonheur la naissance d'Alban. Mais tout s'écroule lorsqu'elle découvre des zones de pigmentation foncée de plus en plus nombreuses sur la peau du bébé…


Vivement mené à la manière d'un thriller qui fait monter l'inquiétude pour le sort d'un enfant aux mains d'une mère de plus en plus inquiétante, ce roman rythmé aux phrases courtes et percutantes se lit facilement et agréablement. le fond s'avère toutefois un peu moins convaincant. La narration s'attaque à un thème peu commun : le rejet de son enfant sang-mêlé, par une mère qui découvre à cette occasion son adoption et son propre métissage. Frappée de stupeur mais aussi de honte et de peur du qu'en-dira-t-on, la jeune femme s'enferme dans un comportement irrationnel qui déborde dans la plus pure maltraitance. Face à cet enfant sans handicap qui fait très vite figure d'impuissante victime d'un faux drame, il est globalement difficile de ressentir de l'empathie pour « elle », cette femme sans prénom qui nous entraîne dans son délire, sans même l'excuse d'un état dépressif.


Ajoutons à cela l'improbable passivité d'un entourage totalement aveugle et un dénouement aux allures quelque peu miraculeuses, et l'on referme ce livre un rien déçu. L'ensemble reste néanmoins très plaisant, pour un moment de détente malheureusement pas très marquant.

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Un sujet difficile et peu abordé et pourtant à l'origine de tant de drames. Il n'est pas facile d'être mère et il est encore plus difficile d'avouer en être incapable.

Pour elle, jusque là, tout se présentait plutôt bien, un mari sympa, une merveille de petite fille, pas de tracas matériels notoires. Cette deuxième grossesse inattendue, elle s'y était faite. L'arrivée du bébé se déroule aussi bien que possible. jusqu'à cet examen médical, qui lui fait découvrir une grain de beauté dans le cou de son fils. C'est banal, mais ce qui l'est moins, c'est que l'enfant se couvre peu à peu de ces marques tandis que sa peau fonce de plus en plus . le verdict tombe, l'enfant est métis. Bien entendu de nombreuses interrogations surgissent , avec à la clé un secret de famille qui tombe. le désarroi de cette mère qui se sent bafouée, se fonde sur ces révélations qui font basculer toutes ses certitudes. Et la conséquence est sans appel, l'ocytocine qui a du inonder son organisme à la naissance du petit, ne persiste plus guère après ces découvertes.

Il paraît incroyable que l'on ne puisse s'attacher à un petit être issu de ses propres entrailles , et de n'en voir que les aspects négatifs : les contraintes, la dépendance, les cris. Et ce qui est pour Alban une différence sans handicap, dans ce qu'elle a révélé de sa famille, n'est pas acceptable pour elle. Ce n'est même plus de l'indifférence mais de la haine.

Certes ce qu'elle vit est douloureux, mais j'ai été plus touchée par les sévices subis par l'enfant, au delà de la simple négligence, que par les états d'âme de cette femme au bord de la folie.

Quelques invraisemblances : il est difficile de croire que l'entourage ne réagisse pas plus aux tentatives de masquer l'évidence, et ne perçoive le danger immédiat pour le petit .

Le roman se lit comme un thriller, tant on craint pour la survie de ce petit Alban. La résolution est peut-être un peu rapide, mais il n'est pas facile de conclure une telle histoire

Lecture intéressante, à part quelques vices de forme.
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Drôle de roman, qui mérite la palme de l'originalité quant au sujet traité. Une lecture bien surprenante dès le départ. Ne connaissant rien au sujet d'enfants métis qui naissent blancs et qui sont susceptibles de foncer voire devenir noirs, je me suis empressée d'aller vérifier si ce phénomène était possible et courant.
J'ai alors pu constater que l'auteure était bien documentée sur la question. Pour exposer le problème, elle présente une femme que l'on peut qualifier de femme Lambda puisqu'elle n'est pas nommée contrairement à ses enfants et son mari ou tout autre personnage rencontrés au court du récit. Femme Lambda qui pourrait être vous mesdames, ou moi… Femme Lambda qui doit soudainement admettre une situation peu banale, et on n'en doutera pas, plus que contrariante : son bébé de cinq mois va pigmenter jusqu'à devenir noir, ce qui mène notre héroïne à une véritable révolution intérieure jusqu'à en devenir folle de rage, de désespoir, qui va se livrer à des actes de maltraitance malgré elle sur cet enfant, prête à rompre avec son entourage. Et ce bébé cache un autre secret de famille, un fait tout aussi grave que je tairais.



Tout au long de ce livre, je me suis sentie à la fois révoltée par ce coup du sort que subit cette femme, révoltée également par son comportement, agacée parfois par son refus d' accepter les faits, par ses délires, par les idées saugrenues qui germent dans son esprit même si on comprend que l'inconscient ne trie pas les idées et ne s'embarrasse pas de la notion de délire pour dicter les actes d'un individu.


Puis j'ai compris…ce roman est la description d'un travail de deuil : deuil d'un enfant qui sort de la destinée qu'on lui trace en tant que parents, deuil d'une vie tranquille si on imagine les écueils rencontrés au quotidien quand on est un couple blanc et qu'on élève un enfant de couleur, les questions, les regards, les contrariétés qui surgissent jour après jour, deuil de ce que l'on a jusqu'ici construit et que l'on voit s'effondrer comme un château de cartes.


On ne manquera pas de constater que l'éternelle question de l'instinct maternel se pose à nouveau. Existe-t-il réellement ? Il sera permis d'en douter en lisant ce roman, oui elle aime son fils, elle le montre dès le début, puis elle le rejette parce qu'elle ne se reconnaît pas dans cet enfant.



J'ai apprécié ce roman, toutefois, sans vraiment parler de monotonie, j'ai trouvé que l'histoire s'éternisait sur le problème de cette femme incapable de réagir, pour qui l'aide psychologique survient tard, qui ne reçoit aucune aide d'un mari absent, qui ne mesure pas l'étendue du problème et ne s'aperçoit pas de la relation que la mère entretient avec son enfant.

Un livre qui n'est pas exempt de ce suspens qui pousse le lecteur à poursuivre et que je ne regrette pas d'avoir lu.
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L'amour maternel est-il inné ou acquis ? Peut-on l'avoir à la naissance d'un enfant et le perdre ensuite ? Puis aimer sans réserve un de ses enfants et se mettre petit à petit à rejeter le second ? Voici le genre de questions qu'on se pose à la lecture de ce livre, qui choquera sans doute plus d'un parent.
Elle, c'est la mère d'Esther, 8 ans, et d'Alban 5 mois. On ne la nomme jamais, mais l'histoire est narrée de son point de vue. Elle est mariée à Vincent, un brave gars mais qui ne réalise pas trop ce qui se passe entre sa femme et leur bébé. Ce bébé qui au départ "n'était pas voulu, mais (qui)a été attendu" , et accueilli avec joie. Mais voilà que tout-à-coup, il n'est plus parfait, il a un défaut. Oh, pas grand-chose, juste une petite tache noire dans le cou. Mais les jours suivants, il va y en avoir d'autres, de différentes nuances... Affolée, la mère va chercher une explication auprès du pédiatre, et celle qu'il va lui donner va bouleverser la vie de toute la famille. Et l'aveu tardif du grand-père maternel ne va rien arranger, au contraire.
On assiste dès lors au "désamour" de la mère pour son bébé, qui va même se muer en dégoût, à tel point qu'elle va le comparer au cafard de "La Métamorphose" de Kafka, et songer à "l'écraser". Elle voudrait le rendre, comme on peut rapporter un achat qu'on regrette, ou qui ne convient finalement pas. Et surtout, elle ne veut pas qu'on le voit, y compris Esther, qui elle, adore son petit frère et se pose bien des questions.
Ce qui m'a surtout frappée dans cette lecture, c'est l'aveuglement de l'entourage, alors qu'une certaine forme de maltraitance est manifestement visible à n'importe quel personne un tant soit peu attentive. Et le pédiatre ne se pose pas trop de questions non plus, alors qu'il aurait un rôle d'accompagnement à jouer face à la détresse de la mère. Il est facile d'accabler celle-ci, mais est-elle la seule à blâmer ? Elle se retrouve seule face à son "problème", et le résout par de mauvais moyens, ne sachant à qui s'adresser.
L'écriture est assez agréable, truffée de références littéraires, de jeux de mots et s'adapte aux différents registres de vocabulaire des personnages Esther, le grand-père...). Mais elle m'a quand même semblé bien froide et trop distanciée par moments. Par contre j'en ai appris beaucoup sur les nuances de couleurs !
Le sujet m'a interpellée car il y a eu un cas similaire dans ma famille adoptive il y a 4 générations, et à l'époque il n'y avait pas d'autres alternatives envisagées que la culpabilité de la mère, aussitôt répudiée et mise au ban de la société blanche protestante dont elle faisait partie. Son "honneur sali" a été lavé des décennies plus tard par une explication scientifique...mais sa vie était gâchée depuis longtemps ! A l'heure actuelle, ce genre de cas ne devrait plus susciter de réactions aussi violentes, puisqu'on sait en trouver l'explication.
Je reste sur un ressenti mitigé, ce livre n'a pas soulevé l'enthousiasme en moi, et m'a plus surprise que choquée.

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«Moi, je broie plutôt du noir»

Dans son second roman, Amélie Cordonnier confronte une femme à son bébé dont la peau noircit au fil des jours. Et pose des questions essentielle sur la filiation, l'amour maternel et la transmission.

C'est avec un premier roman choc Trancher que nous avions découvert Amélie Cordonnier. Elle y sondait la psychologie d'une femme subissant jour après jour les agressions verbales de son mari. C'est le même sillon qu'elle creuse avec Un loup quelque part qui met aux prises une femme confrontée à un lourd secret de famille et à un fils dont la peau noircit au fil des jours. Une épreuve douloureuse qu'elle va devoir affronter à vif. Car rien n'aurait pu lui laisser imaginer qu'un beau matin la peau de son fils allait se consteller de petites tâches. Alban était né «normal» comme sa soeur Esther. À 35 ans, avec Vincent, son mari, elle s'était réjouie de voir la famille s'agrandir. Mais tout va changer lorsqu'elle constate cette pigmentation bizarre, comme si son fils avait bronzé. «Elle a tellement flippé cette nuit et toute la matinée, qu'elle a fait des kilomètres de recherches sur Internet, et franchement, elle le regrette. Il n'y a que des horreurs sur Doctissimo. Elle a tout lu à propos des maladies de peau du style impétigo (…) A fait tout un tas d'élucubrations.»
Le second choc viendra du pédiatre qui lui explique que la couleur de la peau des bébés n'est pas fixée à la naissance, qu'elle est déterminée par la quantité et la nature des mélanines contenues dans la peau. Et que le teint est d'abord une question de génétique. Autrement dit, il faut rechercher un ancêtre noir dans sa famille. Pressé de questions, son père comprend qu'il n'a plus le choix. «Alors tout à coup, il avoue: "Tu as été abandonnée à la naissance, on t'a adoptée quand tu avais trois mois." Puis le souffle court, ajoute: "On avait prévu avec maman de te le dire pour tes douze ans. Mais sans elle, je n'ai jamais trouvé le courage…" La grenade qu'il lâche fait tout exploser. La terre s'ouvre sous ses pieds. Chute sans fin dans un puits sans fond. Un silence de mort la cueille. Et quelque chose meurt d'ailleurs en elle à cet instant-là. Qui ne saurait se résumer à l'insouciance ou à la joie. Une force lui est arrachée. Comme un membre amputé, qu'elle sent déjà en moins.»
C'est non seulement un sentiment de trahison mais aussi de honte avec lequel elle doit désormais affronter le regard des autres. Aussi décide-t-elle de cacher ce mal qui la ronge, de nier sa souffrance en cachant cette peau, en rejetant cet enfant du malheur. En concentrant son amour sur sa fille Esther. «C'est choquant mais comme ça. Faut pas croire que ça la fasse rire, elle est la première à souffrir. Si l'amour maternel pouvait s'inoculer, ce serait déjà fait.»
À l'aide d'un nuancier de couleurs qu'elle a trouvé chez Leroy-Merlin, elle note au jour le jour l'évolution des teintes de la peau d'Alban, élabore des stratégies pour cacher ces zones qui s'assombrissent, enfilant des gants et allant même jusqu'à tricoter une cagoule, manquant presque d'étouffer son fils sous les couches de vêtements.
Quand Vincent part en déplacement professionnel en la laissant avec ses angoisses, elle craque. Se rappelle le texte étudié en troisième: «À croire que Kafka s'est enkysté en elle. C'est comme si elle avait contracté La Métamorphose il y a des années, et que celle-ci avait attendu la naissance d'Alban pour se réveiller et les contaminer.» Alors elle s'enfuit, prend la route vers le sud pour rejoindre son père, sans pour autant pouvoir se débarrasser de ses idées noires. «Elle ne sait que faire de cette peau, mais pressent qu'elle risque d'y laisser la sienne.»
Amélie Cordonnier confirme ici tout son talent. En confrontant cette femme à une épreuve aussi inédite que traumatisante, elle nous parle de l'amour maternel, de la nécessité de connaître ses origines, de la force des liens familiaux. L'écriture se fait au scalpel, mettant à vif les sentiments. Car ici encore, pour guérir, il faut d'abord Trancher.

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INCIPIT
La salle d’attente est noire de monde. Quatre mères patientent déjà avec leur marmot. Plus un père qui sauve tous ses congénères partis sans trop se poser de questions au boulot. Des magazines déchirés s’entassent sur la table basse. Tout le monde tente de s’y intéresser avant de reprendre son portable. Les parents peinent à tromper l’ennui. Pas les petits. Ça chouine, renifle, tousse et se mouche pendant que ça farfouille dans la malle où se mélangent jouets cassés et puzzles incomplets. Alban gazouille sur ses genoux. Il bave tant qu’il peut, le pauvre, mais contrairement aux autres n’a pas l’air malade. Eux sont juste là pour la visite des cinq mois. Elle a emporté le livre avec les animaux de la ferme, dont il raffole depuis que sa sœur s’est mis en tête de lui faire apprendre tous les cris, imitations à l’appui, dans une formidable cacophonie d’aboiements, miaulements, hennissements, cancans, grognements, bêlements, beuglements et autres braiments. Elle a aussi pris le petit miroir pour l’occuper. Il se sourit à lui-même et évidemment ça la fait craquer. Huit ans après Esther, elle avait oublié à quel point c’était attendrissant. Alban dévore les clés en plastique. Gencives à vif. Elle a bien compris que ses dents n’allaient pas tarder à percer. L’anneau qu’elle met au réfrigérateur ne suffit pas à anesthésier la douleur. Il faut qu’elle pense à demander au pédiatre ce qu’elle pourrait lui donner d’autre pour le soulager. Est-ce que le collier d’ambre s’avère vraiment efficace ? C’est leur tour. Saska lui demande de déshabiller Alban et l’ausculte tout en prenant des nouvelles d’Esther, à l’école ça se passe toujours aussi bien ? Puis il pose quelques questions sur l’éveil du gamin, teste sa position assise la tête droite et l’allonge ensuite sur la table d’examen. Le bébé en profite pour se retourner du dos sur le ventre. Bravo, quelle tonicité ! Soixante-cinq centimètres, six kilos cinq cent vingt et périmètre crânien parfait : tout va bien, elle peut le rhabiller. Le médecin vérifie les vaccins puis prescrit de l’homéopathie pour apaiser ses maux de dents. Chamomilla Vulgaris 9 CH, cinq granules à prendre trois fois par jour, dilués dans un peu d’eau. Le collier d’ambre ? Certains modèles ont été retirés du marché pour risque de strangulation. En cas de crise, le doliprane reste la meilleure solution. Saska précise qu’elle peut remplir la seringue jusqu’à sept kilos. Les gigotements d’Alban l’empêchent de boutonner le polo rapidement. Elle rajuste le col et c’est alors qu’elle la remarque. Une tache. Noire. Toute ronde. De la taille d’un petit pois. Extrafin, le petit pois. C’est la première fois qu’elle la voit. Regardez, là, dans les plis du cou, c’est quoi ? Un grain de beauté, déjà ? Oh, non, pas à cet âge-là, voyons. C’est rien du tout, juste une légère pigmentation, aucune raison de s’inquiéter. Je connais votre mari de toute façon, il n’y a pas de métis dans votre famille ?
Il est déjà 16 h 10 quand elle sort. Juste le temps d’acheter un croissant et de reprendre le bus pour ne pas être en retard à l’heure des mamans. Quasiment pas de parents à la sortie de l’école. Deux trois grands-mères, mais des nounous surtout. Il faudra y repenser quand elle reprendra ses cours au lycée, à la fin de son congé parental, ça lui évitera de culpabiliser. Ça sonne ! Les CP traversent toujours la cour de récré les premiers. La maîtresse des CE1 arrive enfin. Un grand sourire éclaire le visage d’Esther lorsqu’elle les repère. La voilà qui court, se précipite pour embrasser son frère puis se débarrasse de son gros cartable trop lourd. Valentine et Daphné lui ont emboîté le pas. Cinq mois qu’elles n’en reviennent pas. Il est vraiment trop chou, la chance qu’elle a ! Alban est à la fête, agite la tête, bat des pieds dans la poussette. Est-ce qu’elles peuvent le prendre juste deux minutes dans les bras ? D’accord, mais il faut s’asseoir sur le banc alors.
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Il ne faut pas que les masques tombent. Surtout pas. Que deviendrait-elle sans le sien? Elle perdrait tout. Car elle le porte depuis sa naissance finalement, et il épouse si parfaitement son visage qu’elle ne s’était même pas aperçue de son existence. Alors masque ou cagoule, au fond quelle différence? Autant les enfiler et ne jamais les quitter. Ses paupières tremblent, qu’elle relève de moins en moins vite. Compter jusqu’à trois puis les rouvrir. Un deux trois. Ça va, personne devant. Un deux trois. Ses yeux cillent, cillent. Mais qu’importe, le platane c’est seulement dans les mauvais films. Un deux trois, encore une fois. Elle tente de garder le cap et le volant bien droit. Mais le sommeil joue les sirènes, l’appelle, l’appelle. Un deux trois. Fermer les yeux. p. 189
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"Non, ce qui l’assomme et la dévaste, c’est l’incompréhension et la peur. La peur inavouable de ne pas réussir à aimer cet enfant, ce bébé à la couleur non identifiée, qui n’a rien à voir, mais alors rien du tout avec celui qu’elle désirait."
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Sous son Je t'aime, il a dessiné un coeur. Il n'a pas écrit Je t'embrasse partout où tu en as envie. Il sait bien qu'elle n'a plus envie, même s'ils n'en parlent pas. Motus et chatte cousue. Au retour de la maternité avec l'épisiotomie, l'excuse était toute trouvée. Mais les fils ont tombés, les semaines ont passé et elle voyait bien que Vincent s'impatientait. Elle a finit pas se sentir obligée. Obligation morale, devoir conjugal. Non-assistance de pénis en danger.
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Plus de place pour elle dans ce monde de mères qui chérissent, s'attendrissent, moulinent avec ou sans Moulinex, mitraillent pour Internet, consolent, torchent avec tact et tweetent le moindre de leurs actes. Elle n'est plus de celles qui essuient morves, merdes et chagrins. Elle, elle laisse désormais tout couler. Pisse et pleurs. Elle en ressent de la colère. Mais pas seulement. Une grande honte aussi. Inavouable, inexplicable. Inexpiable. Une putain de honte qui pue, empeste à dix mètres, rougit ses joues, empoisse ses doigts au point qu'elle n'arrive plus à en lever aucun, même pas le petit. Quand Alban se met à chialer, maintenant c'est cul collé au canapé. Allez vas-y, bouge-toi, tu l'entends pas gueuler ton gosse, s'époumoner à s'en péter les tympans ? Une looseuse de la maternité, c'est tout ce qu'elle est. Une ratée du coeur.
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Vidéo de Amélie Cordonnier
C'est une histoire bouleversante que raconte Amélie Cordonnier dans son nouveau livre En garde, paru aux éditions Flammarion en août 2023. Il raconte l'histoire de parents qui vont tout faire pour prouver à la justice qu'ils aiment leurs enfants. Mais pour quelles raisons ? Tout commence lorsqu'ils reçoivent un courrier, ils pensent d'abord à une mauvaise blague.  Alertée par un appel pour maltraitance, la protection de l'enfance la convoquait en famille à un rendez-vous visant à s'assurer que son fils et sa fille étaient bien en sécurité dans leur foyer. Un simple coup de fil, de surcroît anonyme, pouvait donc provoquer l'envoi d'une lettre officielle vous mettant en demeure de démontrer que vous êtes de bons parents ? Oui. La machine était lancée, et rien ne semblait devoir l'arrêter. Car comment prouver qu'on aime ses enfants ? Dans En garde, Amélie Cordonnier continue d'explorer ce qui se passe - et se cache - dans l'intimité familiale. Elle met en scène l'étau qui se resserre autour d'une famille sous surveillance, dans une course aussi effrayante qu'haletante. Un roman qui ne laissera personne indifférent car ce sujet est absolument universel et il est quasi impossible de ne pas se mettre à la place de cette famille une seule seconde.
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