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Critique de magalibertrand


« C'est la vie, c'est comme ça. Il y a toujours un loup quelque part. »…Mais, quand tout semble aller comme sur des roulettes, quand onatoutpourêtreheureuse, un mari, deux enfants (le deuxième n'était pas tout-à-fait prévu, mais bon…), un boulot, une vie sans heurt depuis l'année du malheur (elle a quand même perdu sa maman à 12 ans, mais bon…), on n'y pense pas vraiment (le petit dernier a bien un grain de beauté qui n'en est pas un, mais…bon…). Il suffit parfois de presque rien, un grain de beauté dans les rouages, pour que la vie change de nuance et passe du rose le plus tendre au noir le plus profond, pour que tout soit ébranlé, secoué, remis en question, pour que les bases s'effritent, que les piliers s'effondrent, que la douleur affleure et fasse perdre la tête.
Suivant pas à pas le chemin de folie de sa narratrice, Amélie Cordonnier, comme dans « Trancher », son formidable premier roman, sait user de tous les moyens en sa possession pour installer et diffuser le malaise qui s'empare de cette jeune maman et la fait perdre pied. du rythme cadencé de ses phrases aux tonalités quasi chantantes de ses mots, rien n'est laissé au hasard dans cette ritournelle étourdissante, presqu'agaçante, qui tournicote et asticote jusqu'au sommet de la tension. On voudrait crier, on ne peut pas. On voudrait l'aider, on ne peut pas. On voudrait l'arrêter dans son délire, on voudrait s'arrêter, ne plus la lire, on ne peut pas, on ne peut pas, on ne peut pas ! Car Amélie Cordonnier s'approche avec une rare intensité d'une intimité qui nous concerne tous, le mystérieux lien à la mère, et de la douleur à peine descriptible de celle qui doit faire « son deuil de toutes les mères : celle qu'elle n'arrive plus à être, celle qu'elle n'a pas eue et celle qu'elle a perdue. ». Comme dans « Trancher », elle insiste et décortique, appuyant justement sa plume là où ça fait mal, à la limite du supportable. On sort de cette lecture avec son petit balluchon personnel tout chiffonné et en désordre, l'estomac essoré, le coeur comme adouci. Peut-être, alors, est-ce pour voir si les couleurs d'origine de cet amour premier pouvaient nous revenir à nous aussi qu'elle nous a fait bouillir ?
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