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Critique de Amaruel


Les éditions Mnémos redonnent la possibilité à cette série française d'atteindre un nouveau lectorat en rééditant, pour la seconde fois, le Rêve et l'assassin, L'Araignée, le Souffle de cristal, le Masque d'écailles sous un seul et unique titre : le Jeu de la Trame.
Parue initialement entre 1986 et 1988 dans la mythique collection "Anticipation" des éditions Fleuve Noir, cette fresque de fantasy aux inspirations nippones entraine son lecteur dans une quête aux quatre coins du pays créés par le duo Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne.

Si l'on démarre par une liaison assez étrange et pour le moins dérangeante entre Keido et sa soeur Kirike, ce ne seront que les prémices d'une aventure folle en quête de bouts de tissus aux pouvoirs magiques incroyables. L'objectif de Keido, sans ne rien vous en dévoiler de plus que ne le fait la quatrième de couverture, est de ressusciter sa défunte soeur pour leur permettre de vivre leur amour au grand jour. S'ensuit donc une quête (que l'on voit venir à des lieux à la ronde) qui sera autant de trame pour chacun des quatre titres rassemblés ici. On opposera sans doute aux auteurs la redondance de la trame narrative, car chaque ouvrage est construit sur un plan particulièrement similaire au précédent. Mais ils ont tout de même réussi le tour de force de proposer quelque chose de neuf dans chacun des récits tout en gardant cette même formule.

Le paysage décrit a certes des accents nippons (dans les noms de personnages, les décors des maisons, la hiérarchie seigneuriale, ...) mais on a aussi un bon mélange avec du médiéval dans la partie armure, château ou tout simplement épée. Et pourtant, on est loin du Japon médiéval par excellence (oubliez les samouraïs, vous n'en trouverez pas dans ce récit), tant les auteurs ne s'attardent pas nécessairement sur le background de leur récit, mais lui préfère le développement des personnages et de l'intrigue. [...]


Outre le paysage, il nous faudra bien un anti-héros pour nous tenir un tant soit peu en haleine.
Keido est LE pire des salopards que j'ai eu l'occasion de rencontrer en fantasy. Et je pèse mes mots. Même Benvenuto Gesufal (Gagner la Guerre, Jean-Philippe Jaworski) ne lui arrive pas à la cheville.
A loisir choisissez ce que vous voudrez mais voilà tout ce qui vous attendra avec ce personnage : parricide, meurtres, viols, inceste, mensonges, trahisons... Je vous laisse imaginer ô combien cet anti-héros deviendra antipathique au fur et à mesure de la lecture. Car n'espérez point de rédemption ou d'amende honorable de sa part, il n'aura aucun regret et continuera sa quête jusqu'à la fin quoi qu'il en coûte. Et pourtant, le lecteur aura l'envie de poursuivre sa lecture malgré un personnage principal aussi méprisable, ne serait-ce que pour savoir s'il parviendrait au bout de sa quête de résurrection.
Ce personnage et ses actions sont également ce qui a pu amener le lectorat à classer le Jeu de la Trame comme étant de la Dark Fantasy. Sans compter les scènes érotiques, qui outre les premiers chapitres entre Keido et Kirike, ne sont pas exploitées (à mon sens) dans le but de faire avancé l'intrigue.

Le rythme du récit est entraînant, grâce sans doute aux chapitres archi-courts et à une action omniprésente. La forme pourra dérouter des amoureux des ouvrages plus verbeux. Mais il faut dire qu'en replaçant l'ouvrage dans sa période de parution et surtout dans la collection où la série a été initialement éditée, on retrouve l'esprit nerveux et le rythme enlevé attendu. Dans l'idée, j'ai retrouvé le rythme d'un certain Guin Saga (1979) toujours chez Fleuve Noir.
[...]

En Bref : Un personnage principal détestable (Keido), des personnages secondaires qui font tapisserie, une trame redondance dans chacun des récits, et pourtant derrière le Jeu de la Trame se cache pour moi un véritable coup de coeur. Parce que j'ai adoré détester Keido. Que les personnages secondaires sont justement secondaires et n'apportent de l'intérêt qu'à l'avancée du héros. Que la redondance est certes présente, mais elle est enjolivée de diverses manières, offrant pour chacun des opus une originalité supplémentaire. Parce que le Jeu de la Trame est rythmé, nerveux dans l'action, sanguinolent à souhait. Que bien écrit il y a plus de 30 ans, lire ce titre en 2021, fonctionne encore très bien.
Lien : http://amarueltribulation.we..
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