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Critique de Fandol


Fandol
31 décembre 2017
Quel tour de force ! Réussir à nous faire partager 52 ans d'actualité politique, sociale, économique d'un pays au travers des chansons à succès du moment, Gérard de Cortanze l'a fait ! Laisse tomber les filles est un titre réducteur par rapport à l'ambition de ce roman mais il fallait bien choisir le titre d'une chanson en vogue…
L'intérêt d'un livre est bien sûr dans ce qu'on lit et dans ce que cette lecture évoque, rappelle ou apprend. L'ambiance musicale du livre a été enregistrée sur un double CD, une compilation de 52 titres choisis par l'auteur, le tout complété par un vinyle aux Éditions E.P.M.
Revenons au texte qui débute en 1963, avec Lorenzo qui n'a pas 15 ans : « Façonné par l'école religieuse, il n'en admet aucun des principes. Lorenzo a le sentiment de n'être nulle part à sa place. » Il fait partie de ma génération : « Une génération, la première, à n'avoir jamais à craindre sérieusement la mort. » le mot adolescent est à la mode. On parle de baby-boom…
Dans le métro, Lorenzo, comme beaucoup d'autres jeunes entre 15 et 20 ans, lit Salut les Copains : « Ils arrivent à l'âge de la consommation tandis que leurs géniteurs accèdent à une aisance jusque-là inconnue. »
Place de la Nation, Salut les Copains fête son premier anniversaire. Ce magazine lancé en juillet 1962 connaît un succès foudroyant grâce à Europe 1 et surtout à la généralisation du transistor. Danyel Gérard, Richard Anthony, Johnny Halliday, Sylvie Vartan… se succèdent sur scène. On danse le twist, on commence à flirter mais vous l'avez compris, nous sommes à Paris, ce qui permet bien des choses à l'auteur, lui donnant une immense palette pour faire évoluer ses quatre héros.
Si Lorenzo est le premier rencontré, vont suivre Michèle, Antoine et François. Ils vont, au fil des pages et des années, se rencontrer, se perdre, se retrouver, se révéler beaucoup d'amour, se cacher plein de mystères, être heureux ou malheureux, un peu comme nous tous mais en étant souvent au coeur d'une actualité trouvant son paroxysme au cours de ce fameux mois de mai 1968. Ceux que l'auteur appelle les mousquetaires se rendent à la Sorbonne : « Ils sont partie prenante de l'Histoire en train de se faire. Ils en sont les acteurs, les protagonistes. »
Titres ou extraits de chansons ouvrent les chapitres et sont toujours bien choisis, adaptés à la situation. Les évolutions techniques comme ce Teppaz sur lequel on peut enfin écouter des disques, sont importantes et chaque famille a pu fêter son apparition comme une petite révolution.
Michèle, je peux le dire sans nuire à l'intérêt du livre, est le personnage central de l'histoire. Elle rompt avec la vie des femmes de la génération précédente mais tout de même, « chez ces mêmes yéyés, une fille reste une fille et un garçon un garçon. Chacun reste à sa place. »
Au fil des années, Gérard de Cortanze a voulu mener ses héros jusqu'à nos jours, ce qui n'était pas chose facile, jalonnant toujours le récit d'événements importants, souvent oubliés mais il offre une fin complètement différente du reste du livre, où le fantastique côtoie le réel, preuve, peut-être, que les souvenirs s'effacent…
Laisse tomber les filles est un roman qui s'adresse à toutes les générations, même si ceux qui ont vécu ces années, ont un ressenti différent. Gérard de Cortanze a rafraîchi ou entretenu les mémoires et l'a bien fait avec réalisme et fantaisie parfois, des rêves de jeunesse au mot fin qui clôture toute vie.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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