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Critique de SZRAMOWO


Je me faisais une joie de lire l'ouvrage de Gérard de Cortanze, pensant vibrer à l'évocation de cette période bénie des dieux, cette tranche des Trente Glorieuses au cours de laquelle la France médusée découvrait qu'elle devait désormais compter avec un nouveau groupe social : les Jeunes !

Je suis né en 1952 et j'ai deux frères nés en 1949 et 1944 qui m'ont entraîné avec eux dans cette époque fabuleuse.

Hélas, ma déception fut à la hauteur de mes attentes. Non pas que le travail de romain de Gérard de Cortanze soit en cause, mais simplement parce que je ne me suis pas reconnu dans les événements et les faits qu'il rapporte.

Du fait d'abord, de la construction de l'ouvrage que j'apparente à un OLNI, hésitant entre le roman-fiction, le roman-reportage et le roman-documentaire.
Au fil de leurs dialogues, les protagonistes du «roman» (?) se mettent soudain à échanger des données statistiques, sur l'évolution du nombre de lycéens, le taux d'équipements des foyers français en téléphones, ce qui donne des conversations pour le moins le moins surréalistes et difficilement crédibles.

Les préoccupations des héros semblent contradictoires et peu cohérentes.
Michèle, lit Paul Nizan et part en Italie en écoutant Rita Pavone sur la radio de la 4CV...

Certaines images ne m'ont pas sembler pas refléter la réalité, comme par exemple :
«Les Rolling Stones ça n'a rien à voir. Mick Jagger porte une veste de tweed informe, Brian Jones un pull qui lui tombe jusqu'aux genoux. Bill Wyman une longue veste à carreaux, Charlie Watts un jean et une chemise noire, Keith Richards un costume de velours. Aucune unité.»

Je me suis précipité sur ma discothèque pour regarder totutes les pochettes de mes vinyles, sur ma bibliothèque pour refeuilleter différents ouvrages sur les Stones. rien de tel…

L'ouvrage nous assène une compilation de paroles de chansons, mêlant allègrement Joan Baez, les Stones, les Who, les Mamas and Papas, Scott Mac Kenzie, et j'en passe.

Il ressemble par moments à une copie du fameux Spécial Pop publié en 1967
https://www.babelio.com/livres/de-Noblet-SPECIAL-POP/827069

Un aspect gênant du récit, est l'intrusion, dans les différents contextes rapportés, de la voix de Gérard de Cortanze, celle de 2018, qui interfère avec les voix des différents personnages et met dans leur parole des analyse souvent postérieures à ce qu'ils sont en train de vivre.
Ainsi, écrire qu'au soir du 10 mai 1981, Michèle (l'héroïne) ne peut s'empêcher de penser aux relations de Mitterand avec le peu reluisant Roger-Patrice Pelat, ou à ses amitiés d'avant guerre avec les membres de la Cagoule, ne me parait pas refléter l'état d'esprit de le plupart des électeurs de François Mitterrand au soir de son élection.

J'arrête, au risque de me cortanziser…mais je ne peux m'empêcher de noter que Gérard de Cortanze se remercie lui-même dans les remerciements en fin de l'ouvrage. Diable !
Il manque à son récit, le souffle, la légèreté, l'impertinence, la foi dans l'avenir, l'espérance, l'outrance de ce que le témoin de cette époque a pu vivre ou imaginé de vivre.
J'en oublie de remercier Babelio et Albin Michel pour cet envoi !
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