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Critique de mh17


J'ai écouté Directives pour John Howell, une nouvelle fantastique extraite du recueil Tous les feux le feu (1966) de Julio Cortazar interprétée par la comédienne Loleh Bellon. J'ai vraiment beaucoup aimé cette écoute d'autant plus que le récit se passe au théâtre. La première phrase annonce la couleur: «  "Un théâtre n'est rien d'autre qu'un pacte avec l'absurde". Comme souvent chez Cortazar, le texte joue sur le thème du double, entre illusion et réalité. Et puis il réserve bien des surprises.
Rice assiste au premier acte d'une pièce bourgeoise médiocre qui l'ennuie profondément. A l'entracte, un homme en gris s'invite dans sa loge et le somme de l'accompagner en coulisses. Rice le suit sans savoir s'il s'agit d'une plaisanterie ou non. L'homme lui dit qu'il doit jouer John Howell, le mari d'Eva, qui le trompe avec Michael. On le coiffe d'une perruque et on lui enfile des lunettes d'écailles. Rice proteste, il n'est pas acteur. Justement, répond l'homme, il n'est pas acteur il est Howell. Il peut faire ce qu'il veut sur scène. Et ils le poussent sans le pousser sur la scène. Il se sent nerveux, crispé, Eva lui tend sa main froide, le fait assoir, le rassure, les mots s'enchaînent comme un château de cartes ». Mais, à la fin de ce deuxième acte elle chuchote à son oreille : « Empêche-les de me tuer »…

Le récit est fameux, difficile de vous en parler sans dévoiler les péripéties et la vertigineuse mise en abyme du texte, qui va au-delà du récit fantastique traditionnel. Cortazar instille dès le début un climat d'angoisse et conditionne le lecteur à penser qu'il y aura un meurtre. Mais la phrase d'Eva fait-elle partie de la pièce ou de la réalité ? Cette phrase restera dans un coin de votre tête. Comment réagira Rice-Howell sur les deux plans ? Va-t-il jouer banalement, comme une marionnette ou bien improviser sans suivre les directives comme le ferait un acteur de premier ordre ? Va-t-il continuer à accepter les directives menaçantes ou se rebeller ? Et après pourra-t-il reprendre sa place de spectateur banal et désabusé qui regarde un mauvais acteur jouer  ou devra-t-il fuir pour sauver sa peau ? Tout au long de l'histoire, il se pose des questions concernant sa servilité et sa lâcheté ainsi que sur les limites de sa liberté d'action. Cortazar semble s'adresser au spectateur et/ou au lecteur peu exigeants qui se laissent facilement embobiner mais peut-être pense-t-il également aux comportements des gens sous une dictature ou dans la vie en général.
La fin est ouverte, Cortazar ne donnera évidemment pas de directive.
C'est vraiment une nouvelle riche et je suis curieuse de connaître votre opinion.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/un-ete-de-lectures-ete-14/amerique-du-sud-nouvelles-d-amerique-latine-tous-les-feux-le-feu-et-directive-pour-john-howell-de-julio-cortazar-2-5-7831973
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