Je rejette en bloc le sentiment de fierté qui me vient en le voyant soucieux d être à la hauteur, et l élan d affection qui me prend de court. Je tousse pour évacuer les deux. Je crois qu'il n'a rien vu.
la résilience finit par capituler sous le poids des chagrins
J'ai fait de l'espoir mon fonds de commerce. Tant qu'il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d'or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d'en face.
On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du Diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ?
Le passeur, chargé de nous mettre sur la bonne trajectoire, est reparti sur son petit zodiac, deux heures avant que le moteur du nôtre ne lâche. Ce sale type s’en est sans doute bien tiré, lui. Le destin aide trop souvent ceux qu’il devrait laisser crever.
(Page 131).
Oui, depuis combien de temps les Somaliens ont-ils attaqué notre convoi ? J’avais entendu parler à Asmara de ces trafiquants qui pouvaient attaquer dans le désert pour racketter les proches des victimes. Mais on croit toujours avoir atteint son quota de malheur, son quota de souffrances. On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ?
(Page 120).
J'ai fait de l'espoir mon fond de commerce. tant qu'il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d'or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d'en face.
L’asphyxie ne fait que commencer, et avec elle, une fois en mer, viendront la panique, les piétinements, les affrontements, la loi du plus fort, les premiers morts balancés par-dessus bord. A ce stade, la notion d’être humain aura aussi été balancée dans les tréfonds marins.
Zouara, Lybie, 15 octobre 2015
J’ai fait de l’espoir mon fonds de commerce. Tant qu’il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d’or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d’en face.
Le nombre d’arrivées de Khartoum et Mogadiscio la semaine dernière m’a surpris. Je n’avais pas prévu qu’ils seraient tant à résister au Sahara.
J'ai dû abandonner mes rêves d'université. A vingt ans. La résilience finit par capituler sous le poids des chagrins.