AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Yaena


En accompagnant Hawa et ses amis dans La Jungle j'ai suivi leur déchéance, leur déshumanisation: lente et progressive, insidieuse. Une lente descente aux enfers amorcée dès que la décision de partir a été prise. Dans La Jungle on ne reste pas longtemps humain: englué dans la boue, puant, aux aguets épuisé, l'être humain s'efface peu à peu et laisse place à un spectre guidé par l'instinct de survie et la satisfaction de ses besoins primaires: manger, boire, dormir, se mettre à l'abri, assurer sa sécurité.Toutes ces choses qui normalement sont dues à un enfant ces gosses n'en ont jamais vraiment profité sinon ils n'auraient pas été jetés sur les routes de la sorte. Ils croyaient trouver tout cela ils y croient encore d'ailleurs mais pour le moment tout ce qu'ils ont c'est une vie cauchemardesque sans échappatoire. Pas de marche arrière possible et impossible d'avancer. Un environnement hostile peuplé de prédateurs aux aguets du moindre signe de faiblesse. Indéniablement La Jungle de Calais porte bien son nom. Delphine Coulin en dresse un portrait sans concession et sans détour. Elle nous administre une claque magistrale en nous jetant la vérité crue en plein visage. Ces gosses ont tous une histoire qui les a poussé à partir, car oui si ces enfants son partis c'est qu'ils n'avaient pas le choix et non l'objectif n'est pas de profiter du système, juste de vivre.
Après avoir tourné la dernière page on se sent privilégié, le cul gentiment posé dans le canapé, le frigo plein et un lit douillet à proximité. On se sent impuissant aussi. Parce que même si on ne culpabilise pas c'est quand même pas juste la vie. D'accord on le sait tous : les SDF, les sans papiers, les esclaves modernes... on sait que ça existe mais quand on nous le rappelle comme ça, ça pique un peu.
En nous plongeant dans ce quotidien qui glace le coeur l'auteur le rend presque palpable. Une immersion difficile dont on ressort un peu nauséeux sans savoir pour autant comment faire passer la pilule.
Commenter  J’apprécie          250



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}