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EAN : 9782246814344
240 pages
Grasset (23/08/2017)
3.92/5   107 notes
Résumé :
Cela ressemblait moins que jamais à une jungle, ou alors une jungle froide, de bois et de boue, avec des animaux crottés, et des monstres de métal au loin, sous le crachin. Pas le genre qui fait rêver, avec les perroquets et les feuilles vertes et grasses, où on transpire dans une odeur d’humus. Une jungle du pauvre. Ici, il n’y avait pas un arbre, pas une feuille, pas de chaleur. Et aujourd’hui, c’était silencieux. Cette jungle qui avait été un chaos où des millier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 107 notes
J'avais été touché par Samba pour la France et bien, j'ai été bouleversé par Une fille dans la jungle. Delphine Coulin a su parfaitement traduire, une nouvelle fois, toutes les souffrances endurées par nos semblables déracinés qui tentent de trouver un peu de bonheur de vivre dans notre pays… même s'ils rêvent un peu trop d'Angleterre.

Bien sûr, quand le mot jungle apparaît dans le titre, il s'agit de la jungle de Calais et j'ai suivi avec appréhension et douleur les pas de cette jeune Éthiopienne, Hawa, qui voit le démantèlement complet de la jungle et qui décide de rester, de ne pas se laisser embarquer ni berner par de fausses promesses. Elle est avec Elira et quatre garçons : Milad, Ali, Jawad et Ibrahim. La boue, la saleté, le froid et la faim sont leur quotidien plus les violences qui ne cessent de s'abattre sur eux.
« La nuit était claire et froide. La fille avait un visage pur, fin. Ses lèvres pleines de jeunesse, à peine gênées par les gerçures, réchauffant l'oiseau déplumé, tellement sale que seule sa patte amputée semblait avoir échappé à la boue. Elle l'a caressé du bout de son doigt. On aurait dit un rat avec des ailes. » Voilà le quotidien de ces jeunes sortis ou pas de l'enfance mais dont la vie se joue souvent à pile ou face.
Au fil de leur errance dans une zone qui jouxte le port et l'entrée du tunnel, Delphine Coulin reprend chacun de ses personnages pour retrouver son point de départ et un parcours fait d'épreuves souvent terribles.
On achète, on exploite, on vend ces jeunes qui affrontent une multitude de dangers pour se retrouver là : « Ils vivaient au milieu de six mille hommes et femmes venus d'Albanie, d'Éthiopie, d'Érythrée, d'Afghanistan, d'Égypte, d'Iran, du Koweit, de Syrie, du Vietnam, dans ce qui était devenu une ville. Aller d'un bout à l'autre du camp revenait à faire le tour du monde. Un voyage au bout de la crasse, dans le plus grand bidonville d'Europe. »
Tout près de leur but ultime, cette Angleterre fantasmée qui ne se trouve qu'à 33 km, ils ont quand même rencontré des gens bienveillants tentant de les aider, d'atténuer leurs souffrances. Grâce à ce livre, j'ai davantage compris tous les risques que prennent ces gens qui voient circuler les autres sans problème. Cela va même plus loin : « Hawa respirait l'odeur de l'essence qu'elle aimait, en se disant que s'ils avaient été des tomates, la vie aurait été plus simple. »
Taxés, exploités, confrontés aux pires dangers, aux gangs, aux passeurs, à ceux qui leur volent le peu d'argent qu'ils portent, ils sont des naufragés qui peuvent sombrer à tout moment dans cette boue dont ils n'arrivent pas à se débarrasser.

Si Delphine Coulin néglige la fin du parcours européen de ces migrants, d'autres l'ont bien fait comme Baudoin et Troub's dans Humains, la Roya est un fleuve. Avec Une fille dans la jungle, elle rappelle et ouvre nos yeux sur un drame qui n'est pas près de se terminer.


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Delphine Coulin nous donne à lire un superbe roman, à la fois violent et lumineux. J'ai aimé retrouver cette plume que j'avais découverte et aimée avec son précédent roman « Voir du pays ».
Ici, elle donne des noms à ces anonymes que nous avons pris l'habitude de voir, tels des ombres furtives, sur nos écrans, en ouverture du JT. « Une fille dans la jungle », c'est Hawa, une ado ethiopienne, sans papier que nous suivons dans cette jungle qu'elle refuse de quitter, malgré le démantèlement annoncé. A quoi bon partir vers une destination inconnue? Ici au moins, elle a ses habitudes et ses copains de galère. Tous rêvent d'Angleterre et de jours meilleurs. Marre de cette crasse, de ce dénuement, de cette misère qui leur colle à la peau, plus surement que la boue à leurs chaussures. Il y a forcément, un ailleurs qui leur offrira un avenir.
Ils y croient et nuit après nuit, ils tentent leur chance.
Lire Une fille dans la jungle c'est prendre une grande claque, qui aide à relativiser tous nos minuscules tracas quotidiens : Il pleut, le métro est bondé, combien tout cela est dérisoire par rapport à la vraie misère des migrants.

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"C'est ma deuxième rencontre avec Delphine Coulin dont j'avais découvert : " Voir-du-pays".
Nous suivons le quotidien de Hawa, une adolescente de 17 ans , éthiopienne , arrivée clandestinement jusqu'à la jungle de Calais .
L'auteur s'attache à conter son destin de réfugiée mineure et celui de cinq autres enfants , Milad et son petit frère Jawad, la belle Élira, Ibrahim et Ali , venus de pays différents , Afghanistan, Albanie, Ethiopie ......
Leur quotidien : lutter contre le froid, la malveillance , la saleté et l'humidité , la violence , la faim, dans leur cabane , portés qu'ils sont constamment par l'immense espoir de réussir à passer en Angleterre .
Hawa rêve de changer de vie , de mettre des vêtements moins poisseux que ceux qu'elle empile chaque jour sur elle , elle a soif et faim, n'en peut plus de cette hygiène inexistante , elle qui entreprit seule , un si long voyage !
Trente - trois kilomètres seulement les séparent de leur but ! Las !
Au coeur de cette jungle inhospitalière , devenue un désert, oú les pelleteuses avaient tout broyé , tout ce qui faisait leur quotidien depuis des mois , ils étaient tous les six, il ne restait rien!
Ils étaient là, inquiets, emmitouflés , prêts à tout pour manger, ils couraient en animaux traqués
qu'ils étaient .........
C'est un livre violent , dur, poignant ,bouleversant doté d'une lueur d'espoir à la fin , à propos duquel je n'ai pas envie de philosopher ni de discourir !
A la lecture , nous occidentaux bien nourris et au chaud , nous prenons un bon coup de poing dans la figure ! Cet ouvrage nous fait relativiser notre quotidien même difficile !

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En accompagnant Hawa et ses amis dans La Jungle j'ai suivi leur déchéance, leur déshumanisation: lente et progressive, insidieuse. Une lente descente aux enfers amorcée dès que la décision de partir a été prise. Dans La Jungle on ne reste pas longtemps humain: englué dans la boue, puant, aux aguets épuisé, l'être humain s'efface peu à peu et laisse place à un spectre guidé par l'instinct de survie et la satisfaction de ses besoins primaires: manger, boire, dormir, se mettre à l'abri, assurer sa sécurité.Toutes ces choses qui normalement sont dues à un enfant ces gosses n'en ont jamais vraiment profité sinon ils n'auraient pas été jetés sur les routes de la sorte. Ils croyaient trouver tout cela ils y croient encore d'ailleurs mais pour le moment tout ce qu'ils ont c'est une vie cauchemardesque sans échappatoire. Pas de marche arrière possible et impossible d'avancer. Un environnement hostile peuplé de prédateurs aux aguets du moindre signe de faiblesse. Indéniablement La Jungle de Calais porte bien son nom. Delphine Coulin en dresse un portrait sans concession et sans détour. Elle nous administre une claque magistrale en nous jetant la vérité crue en plein visage. Ces gosses ont tous une histoire qui les a poussé à partir, car oui si ces enfants son partis c'est qu'ils n'avaient pas le choix et non l'objectif n'est pas de profiter du système, juste de vivre.
Après avoir tourné la dernière page on se sent privilégié, le cul gentiment posé dans le canapé, le frigo plein et un lit douillet à proximité. On se sent impuissant aussi. Parce que même si on ne culpabilise pas c'est quand même pas juste la vie. D'accord on le sait tous : les SDF, les sans papiers, les esclaves modernes... on sait que ça existe mais quand on nous le rappelle comme ça, ça pique un peu.
En nous plongeant dans ce quotidien qui glace le coeur l'auteur le rend presque palpable. Une immersion difficile dont on ressort un peu nauséeux sans savoir pour autant comment faire passer la pilule.
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Une adolescente éthiopienne en fuite croise la route de plusieurs jeunes migrants dans ce qui reste de la "jungle" (très mal nommée, pour différentes raisons, celle que dit le roman, une jungle froide et sale et aussi le fait que les hommes ont une autre espèce d'animalité). Ces enfants et adolescents se regroupent pour échapper à la solitude ou pour mieux survivre.
J'ai trouvé ce roman réaliste selon le peu que je sais de cette problématique, mise à part la fin qui permet cependant de terminer sur une note d'espoir.
J'ai préféré ce livre au précédent que j'ai lu de la même autrice ("voir du pays").
Et hélas, la peur irradie maintenant le monde entier.

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critiques presse (1)
LeFigaro
20 septembre 2017
Dans son dernier ouvrage, la romancière et réalisatrice s'attache au destin de six enfants réfugiés près de Calais.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
"L'amie d'Hawa était devenue une gazelle entourée d'une meute de fauves.
Sa malédiction à elle, c'était d'être trop belle, trop grande, trop mince .
Elle avait sa beauté, mais rien d'autre que sa beauté, et au lieu de la sauver, ça l'enfonçait toujours plus loin dans la misére ......"
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Elle n'avait plus rien. Elle avait peur de finir par devenir folle. Elle savait que parfois trop d'humiliation faisait perdre la tête, quand on n'avait plus rien pour être sauvé. Elle avait vu un garçon en Afrique qui était devenu fou à force d'être berné par les policiers et les passeurs à tour de rôle, elle avait vu le fou de la jungle, et Ibrahim lui avait raconté les enfants fous du centre pour mineurs en Grèce. Elle savait. Chacun essayait de survivre avec ses propres moyens jusqu'à ce que son cerveau lui-même le protège en le faisant verser dans la folie pour lui éviter trop de douleur.
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Il a réclamé sa mère,une fois, deux fois.Alors Milad lui a demandé s'il voulait sa mère qui pleurait, la guerre qui faisait peur, les hommes qui faisaient du mal.Jawad a répondu oui.Milad a dit que c'était comme de dire qu'il préférerait être mort.Alors le petit a dit que c'était exactement ce qu'il pensait.Son grand frère n'a plus rien dit.
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Hawa était là depuis neuf mois, Elira depuis presque un an. Les quatre garçons, tous Afghans, étaient eux aussi arrivés dans la jungle au début de l'année. Ils vivaient au milieu de six mille hommes et femmes venus d'Albanie, d'Éthiopie, d'Érythrée, d'Afghanistan, d'Égypte, d'Iran, du Koweït, de Syrie, du Vietnam, dans ce qui était devenu une ville. Aller d'un bout à l'autre du camp revenait à faire le tour du monde. Un voyage au bout de la crasse, dans le plus grand bidonville d'Europe.
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C'était peut-être la boue qui faisait ça, elle avait l'impression que si on lui coupait les veines ce serait de la boue et pas du sang, qui en sortirait.
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