Citations sur Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionn.. (8)
Plutôt qu'un refus du travail, nous montrerons qu'on observe le refus du travail insensé, un travail mutilé de son potentiel d'émancipation par le management financiarisé.
La crise du Covid est passée par là : interrompant le flux ordinaire de la vie et du travail, elle a poussé des millions de personnes à s'interroger sur leur sens. Mon activité est-elle essentielle à la vie ? Si oui, pourquoi est-elle si pénible, peu considérée et mal rémunérée? Sinon, pourquoi continuer ? Beaucoup désertent les grandes villes étouffantes et les emplois intenables, en quête d'un habitat apaisé et d'un travail utile, acceptant de moins consommer et se réjouissant de moins polluer.
An XXème siècle, le mouvement ouvrier a délaissé la quête d'un travail épanouissant et respectueux de la nature. Le productivisme a triomphé. Le Taylorisme a promis le bonheur dans la consommation en échange de l'aliénation au travail. Passant par divers avatars, il s'est nourri des outils numériques et infiltré dans la plupart des activités de travail, y compris dans les services et les activités du care, provoquant une perte de sens aujourd'hui très largement ressentie.
Qu'on le veuille ou non, le travail joue un rôle central dans nos vies. Selon la façon dont il est organisé, il contribue à construire ou détruire notre santé, nos capacités cognitives et sensibles.
Comme le dit Alain Supiot, " le mouvement ouvrier a évacué le contenu et le sens du travail de la notion de justice sociale. Aujourd'hui, la révolution informatique et la crise écologique doivent nous obliger à les y remettre. "
La réduction du "temps de travail subordonné" consisterait concrètement à organiser dans chaque unité de travail, hors présence hiérarchique, une demi-journée mensuelle de discussion entre pairs du travail;
Au vu du formidable pouvoir de nuisance que détiennent la technologie moderne et la "science sans conscience", faire reculer l'emprise de la subordination dans le travail est aujourd'hui une nécessité.
Concernant le vivant, nous avons montré ici combien la réorientation écologique de la production, visant à remplacer l'obsession de la croissance par l'éthique du "prendre soin" en redéfinissant ce dont nous avons collectivement besoin, dépendras largement des alliances qui se noueront entre acteurs sociaux pour questionner les finalités et les impacts du travail et soumettre les décisions de production à des critères d'utilité sociale et environnementale.