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Critique de JIEMDE


A-t-on tout dit, tout lu, sur la guerre ? Peut-être. Pas sûr…

Dans L'insigne rouge du courage, écrit en 1895 par Stephen Crane – et ici traduit par Pierre Bondil et Johanne le Ray – la guerre de sécession fratricide n'est que le décor prétexte à une interrogation poussée sur le courage et la peur, l'honneur et l'opprobre, la raison et le paraître.

C'est au pied du mur qu'on voit le maçon parait-il… C'est en tout cas arrivé au front que le jeune Henry Fleming va réellement perdre les idéaux qui l'avaient poussé à s'engager pour aller défendre le Nord, contre l'avis de sa mère. Comme un caméraman qui filmerait à l'épaule au plus près des combats, Crane place Henry et le lecteur au coeur des offensives de lignes, boucheries humaines destinées à conquérir au mieux une colline, parfois quelques mètres seulement.

Mais là où Crane excelle, c'est dans la description des phases d'attente ou intermédiaires entre les assauts : successions d'insupportables gamberges morales pour Henry confronté à la peur et à la fuite lors de son premier assaut ; puis au remords face à cette blessure accidentelle reçue en fuyant, devenue insigne rouge du courage et « marque de gloire » de tout combattant. Las de s'interroger, Henry va aller de l'avant et se transformer bien plus qu'il ne l'aurait cru.

Alors a-t-on tout dit, tout lu, sur la guerre ? Probablement. Mais ce qui frappe ici, vingt ans avant les récits de Junger ou Dorgelès, cinquante ans avant ceux de Vercors, Kessel ou Clostermann, sans oublier plus tard Steinbeck, Peacock ou O'Brien et j'en passe, c'est la constance dans ces récits de l'absurdité totale des situations morales dans lesquelles sont placés des générations entières de jeunesses impréparées. Et comment pourrait-on l'être ?

Si comme moi vous aimez les récits de guerre, L'insigne rouge du courage est un incontournable du genre.
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