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Critique de pompimpon


Seul livre de Thomas Cullinan publié en français à ce jour (et comme je le regrette !), Les proies a fait l'objet non pas d'une mais de deux adaptations au cinéma.
C'est après avoir vu les deux que j'ai lu ce livre.

La première date de 1971, elle a été réalisée par Don Siegel avec Clint Eastwood, Geraldine Page, Elizabeth Hartman et Jo Ann Harris. Clint Eastwood y est superbe, solaire, magnétique, grand ordonnateur depuis son sofa des émois des huit femmes et jeunes filles qui l'ont recueilli, blessé, dans le pensionnat des soeurs Farnsworth.
La seconde date de 2017, réalisée par Sofia Coppola avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst. Colin Farrell y est indécis, brouillon, à la merci des sentiments qu'il éveille chez ces huit femmes et jeunes filles, bien plus sages que les personnages inventés par T. Cullinan et repris par D. Siegel à la demande d'Eastwood.

Ce caporal à la solde des Nordistes, un Irlandais nommé McBurney, appelez-moi Johnny, n'a rien d'indécis ou de brouillon.
Croyant saisir la chance de survivre à cette guerre de Sécession en se cachant dans une ancienne plantation transformée en pensionnat, il va flanquer une pagaille monstre à tous les étages de la vieille demeure coloniale, depuis la petite Amelia qui fait entrer le loup… dans l'arène, jusqu'à Harriet Farnsworth, la soeur de la directrice du pensionnat.

Personne ne sera épargné, dans ce huis-clos torride autant que terrassant par sa cruauté.

Toutes vont se retrouver d'une façon ou d'une autre prises au piège de McBurney, qui brûle en effet sans sembler se rendre compte de l'ampleur des dégâts.
Mais le moyen de le savoir vraiment, tant qu'on n'a pas lu de quelle manière une autre des pensionnaires ou des femmes du pensionnat rapporte la suite des évènements…

Thomas Cullinan donne la parole à chacune, toutes ont quelque chose à dire, quelque chose à cacher.

Elles prennent vie, elles prennent corps surtout au fil des pages. Elles tournent, virent, haïssent, changent d'avis, mentent, cèdent, se reprennent, se laissent convaincre, se contredisent, méprisent, puis se reprennent encore, laquelle va tomber, qui va tomber d'ailleurs, qui sauvera sa peau à défaut de mieux, qui survivra finalement à cette guerre entre les murs de la vieille bâtisse décrépite faisant écho aux canons tonnant à quelques kilomètres de là ?

Où la cruauté se développe-t-elle le plus pleinement, sur les champs de bataille, ou bien à "l'arrière", en bordure des lieux de massacre officiels ?

Le vertige nous saisit, spectateurs que nous sommes, face à ces huit femmes et à cet homme, dans la plantation recyclée, déglinguée, cernée par les troupes allant au front ou fuyant devant les Nordistes, bordée de parterres replantés par ses soins à lui, pour leurs beaux yeux à elles, ou à l'une d'elles, ou pour sauver sa peau…

J'ai trouvé la démonstration magistrale.

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