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EAN : 9782743627096
678 pages
Payot et Rivages (12/02/2014)
3.67/5   111 notes
Résumé :
Le 6 mai 1864, la forêt de la Wilderness est le théâtre de l'une des plus effroyables batailles de la guerre de Sécession. L(orage d'acier que déchaîne ce jour-là l'artillerie rebelle de Robert Lee, à laquelle répond celle du général de l'Union Ulysses Grant, embrase sans distinction arbres et fantassins. Malgré ses blessures, un caporal nordiste réussit à s'échapper du brasier et trouve refuge dans un pensionnat pour jeunes filles confédéré. Mais l'intrusion soudai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 111 notes
Guerre de Sécession, 1864. Un officier nordiste, John McBurney est blessé. Il est trouvé par une jeune fille, Amelia Dabney, qui, partie cueillir des champignons dans la forêt, ne trouve rien de mieux que de le ramener à la pension où elle réside. Pourquoi dis-je "ne trouve rien de mieux" ? Tout simplement parce que cette pension, tenue par deux soeurs, Martha et Harriet, est exclusivement féminine (ce qui parait normal d'ailleurs). Et y amener un jeune homme, c'est un peu comme faire entrer le loup dans la bergerie... Vous saisissez ce que je veux dire ? Alors on va me sortir les poncifs de l'Amérique puritaine et gna gna gna mais n'oublions pas que nous sommes au XIXe siècle quand même ! Et, à l'époque, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, c'est du pareil au même.

Bien évidemment, le soldat va profiter de sa position de coq dans la basse-cour (on change d'animal !) pour essayer de séduire (les poulettes) pensionnaires. Jusqu'au moment où ce qui n'était qu'un petit jeu au départ va basculer et lui échapper. Qui manipule qui ? Et cela va aller loin, très loin !

J'ai été déstabilisée par ce roman. Non pas par la noirceur ou la violence, j'ai lu pire ! Non pas par le thème qui est somme toute assez connu. Mais par la forme d'une part et par le rythme de l'autre. Concernant la forme, il s'agit d'un roman choral. Jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Mais je pense qu'il y a trop de narratrices pour que l'on arrive à suivre correctement. Vient s'ajouter à cela, je le disais, le rythme : en général, qui dit polyphonie dit rythme vivant. Or, ici, il y a des longueurs. Alors bien sûr, c'est certainement pour donner plus d'ampleur à la torture psychologique... Certes ! Mais je déteste la lenteur !

Au final, ai-je aimé ce livre ? Je suis incapable de répondre tout de go. Disons que j'ai aimé le fond mais pas la forme...
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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En mai 1864, la jeune Amelia Dabney, pensionnaire chez les soeurs Farnsworth, part cueillir des champignons dans les bois et découvre un soldat nordiste blessé. La bataille de la Wilderness toute proche fait rage et la jeune fille décide de secourir le jeune homme grièvement blessé à la jambe afin de le mettre à l'abri dans l'école.
Huit femmes y vivent recluses, les soeurs Farnsworth, Martha et Harriet, qui tentent de maintenir le fonctionnement de l'établissement destiné à éduquer les jeunes filles de bonne famille, cinq pensionnaires sans nouvelle des leurs à cause des conflits et la domestique noire Matilda. Le petit groupe qui vit volontairement à l'écart des autres habitations, s'observe, s'épie, se juge.
La soudaine apparition du caporal Johnny McBurney, volontaire Irlandais engagé du côté des Nordistes pour deux cent dollars, va bouleverser la petite communauté. McBurney blessé pense avoir plus de chance de s'en sortir caché au milieu de femmes sudistes que sur le champ de bataille ou aux mains des mauvais chirurgiens de l'armée opérant sous les tentes. Pour survivre, il va tenter de comprendre le mode de fonctionnement de cette petite société, de percer les secrets les plus inavouables de ces dames mais en tant qu'unique homme, jeune et séduisant, il devient très rapidement l'objet des fantasmes de plusieurs d'entre elles. Tandis qu'à l'extérieur, les troupes de Grant et de Lee s'affrontent au milieu des incendies, c'est une toute autre bataille qui se livre à l'intérieur du pensionnat.
Ce remarquable huis clos psychologique, dont les huit femmes et jeunes filles sont tour à tour les narratrices, ne nous épargne ni les frustrations, ni les fortes tensions sexuelles, pas plus que les secrets d'inceste ou de relations inter-raciales.
Dès le début du récit, la clairvoyance de la servante- "Y flottait autour de lui une odeur de mort. C'était pas tant qu'y saignait, ni qu'il était tout pâle et complètement inerte, non, c'était une sorte de stigmate que j'aurais décelé même si je l'avais vu marcher sur la route, intact. Au premier regard, j'ai su que rien au monde ne pourrait le sauver et que ça servirait à rien de s'escrimer."- , l'image de la guêpe maçonne introduite dans la colonie de sauterelles ou celle de la chenille qui envahit un nid de fourmis microscopiques, laissent présager le pire, mais qui seront réellement les proies?
Jamais les frustrations féminines n'ont été aussi habilement analysées. Le lecteur oublie très rapidement l'excellente adaptation du roman réalisée par Don Siegel avec Clint Eastwood pour se focaliser sur les pistes que Thomas Cullinan sème habilement ici et là. La narration polyphonique lui permet de conforter les points de vue et de tisser un habile canevas dans lequel le peu sympathique Johnny passe de manipulateur à jouet. Car, comme l'assène très justement la jeune Amélia, "Je ne connais aucun ordre du royaume insecte ni du royaume animal qui accepte un intrus sans remous".
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Tout commence dans un pensionnat pour filles de Virginie dans le sud des Etats-Unis. Hors des murs de l'établissement, la guerre de Sécession gronde et les armées nordistes et sudistes se déchirent dans des combats sanguinaires, combats dont les jeunes pensionnaires n'ont que peu d'échos, tant la vigilance de leurs institutrices les coupe du monde extérieur. Un jour pourtant la guerre vient s'engouffrer dans leurs vies quand Amelia Dabney, une des benjamines de l'établissement, découvre le corps d'un soldat yankee grièvement blessé à quelques centaines de mètres du pensionnat. Apitoyée, la fillette ramène le caporal Johnny McBurney à l'école où les soeurs Farnsworth, les directrices du pensionnat, parviennent à lui sauver la vie. Mais, une fois guéri, le caporal McBurney ne semble guère pressé de s'en aller : il a pris ses aises dans ce petit univers féminin, tout émoustillé par sa soudaine apparition, et s'emploie à séduire une à une toutes ces jeunes – et moins jeunes – dames afin de conserver parmi elles son petit nid douillet jusqu'à que la guerre prenne fin. Sournois, charmeur et habile menteur, McBurney s'avère très doué à ce jeu de manipulation, mais peut-être, dans sa fatuité, sous-estime-t-il les risques de son séjour au pensionnat Farnsworth. Car l'innocence peut se montrer étonnamment cruelle, la naïveté impitoyable, et, s'il n'y prend garde, le loup pourrait bien finir dévoré par les agneaux…

Ecrit dans les années 60, « Les Proies » est actuellement le seul roman de Thomas Cullinan traduit en français et c'est bien dommage car cet épais huis-clos psychologique est un véritable chef d'oeuvre, de ceux qui vous donnent envie de vous jeter illico sur le reste de la bibliographie de leur auteur ! Admirable autant sur la forme que sur le fond, « Les Proies » étonne également par sa modernité et l'audace des thèmes évoqués, centrés surtout autour de la frustration sexuelle et des fantasmes malsains que celle-ci peut susciter. La construction de la narration est remarquable, alternant habilement les points de vue souvent entachés d'hypocrisie des différentes habitantes de la pension, procédé qui permet au romancier de tisser un récit tout en subtilité où manipulateurs et manipulés échangent souvent leurs rôles au gré des circonstances et des occasions. Brillant psychologue, Cullinan se montre particulièrement doué dans l'exploration de la psyché féminine et ses portraits de femmes sont renversants de finesse et de cruelle acuité : toutes ces dames sont à leur manière des monstres d'égocentrisme et aucune n'échappe à sa plume venimeuse, pas même la jeune Amélia Dabney, amoureuse des plantes et des animaux, dont la candeur pourrait attirer la sympathie du lecteur, si celle-ci n'était doublée d'une inquiétante indifférence pour les autres êtres humains et leurs sentiments.

Je suis extrêmement curieuse de découvrir l'adaptation de Don Siegel avec Clint Eastwood dans le rôle du caporal McBurney, un choix de casting assez stupéfiant quand on songe aux rôles qu'il a généralement endossés. Par ailleurs, le film a excellente réputation, ce qui me présage un sacré bon moment de cinéma. En attendant, je ne peux que conseiller très chaleureusement ce petit bijou d'amoralité et de tension : un vrai chef-d'oeuvre, je vous dis !
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Mauvais livre, mauvais moment?

J'ai persévéré pour ne pas déclarer forfait...ce livre était le seul disponible lors d'un voyage et l'idée de me retrouver frustrée de lecture m'a tenue accrochée. Mais cela m'a semblé bien long!

Pour le fond, il avait tout pour me plaire! Roman thriller sur fond historique, d'une période que je connais plutôt bien, en événements de la guerre de Sécession et en géographie des lieux. Un huit-clos psychologique innovant, permettant une étude de moeurs et mentalités, avec en creux l'éducation des filles, et une réflexion sur l'évolution des idées concernant l'esclavage.

C'est un peu tout cela mais la forme a plombé la bonne idée. le livre est alourdi de longueurs, répétitif. Les chapitres qui alternent les différents personnages construisent un rythme banal et assez froid, les échanges entres les personnages sont peu crédibles. Si on se réfère aux âges des jeunes filles, les réactions sont parfois insolites, souvent décalées. Et la manipulation par un Yankee blessé mais qui semble en pleine forme pour faire le beau est un peu grosse ficelle.

Donc je n'ai pas aimé. Un gros pavé plutôt indigeste.
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Seul livre de Thomas Cullinan publié en français à ce jour (et comme je le regrette !), Les proies a fait l'objet non pas d'une mais de deux adaptations au cinéma.
C'est après avoir vu les deux que j'ai lu ce livre.

La première date de 1971, elle a été réalisée par Don Siegel avec Clint Eastwood, Geraldine Page, Elizabeth Hartman et Jo Ann Harris. Clint Eastwood y est superbe, solaire, magnétique, grand ordonnateur depuis son sofa des émois des huit femmes et jeunes filles qui l'ont recueilli, blessé, dans le pensionnat des soeurs Farnsworth.
La seconde date de 2017, réalisée par Sofia Coppola avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst. Colin Farrell y est indécis, brouillon, à la merci des sentiments qu'il éveille chez ces huit femmes et jeunes filles, bien plus sages que les personnages inventés par T. Cullinan et repris par D. Siegel à la demande d'Eastwood.

Ce caporal à la solde des Nordistes, un Irlandais nommé McBurney, appelez-moi Johnny, n'a rien d'indécis ou de brouillon.
Croyant saisir la chance de survivre à cette guerre de Sécession en se cachant dans une ancienne plantation transformée en pensionnat, il va flanquer une pagaille monstre à tous les étages de la vieille demeure coloniale, depuis la petite Amelia qui fait entrer le loup… dans l'arène, jusqu'à Harriet Farnsworth, la soeur de la directrice du pensionnat.

Personne ne sera épargné, dans ce huis-clos torride autant que terrassant par sa cruauté.

Toutes vont se retrouver d'une façon ou d'une autre prises au piège de McBurney, qui brûle en effet sans sembler se rendre compte de l'ampleur des dégâts.
Mais le moyen de le savoir vraiment, tant qu'on n'a pas lu de quelle manière une autre des pensionnaires ou des femmes du pensionnat rapporte la suite des évènements…

Thomas Cullinan donne la parole à chacune, toutes ont quelque chose à dire, quelque chose à cacher.

Elles prennent vie, elles prennent corps surtout au fil des pages. Elles tournent, virent, haïssent, changent d'avis, mentent, cèdent, se reprennent, se laissent convaincre, se contredisent, méprisent, puis se reprennent encore, laquelle va tomber, qui va tomber d'ailleurs, qui sauvera sa peau à défaut de mieux, qui survivra finalement à cette guerre entre les murs de la vieille bâtisse décrépite faisant écho aux canons tonnant à quelques kilomètres de là ?

Où la cruauté se développe-t-elle le plus pleinement, sur les champs de bataille, ou bien à "l'arrière", en bordure des lieux de massacre officiels ?

Le vertige nous saisit, spectateurs que nous sommes, face à ces huit femmes et à cet homme, dans la plantation recyclée, déglinguée, cernée par les troupes allant au front ou fuyant devant les Nordistes, bordée de parterres replantés par ses soins à lui, pour leurs beaux yeux à elles, ou à l'une d'elles, ou pour sauver sa peau…

J'ai trouvé la démonstration magistrale.

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critiques presse (1)
Telerama
24 avril 2013
L'excellente préface de Jean-Baptiste Thoret met en perspective ce fabuleux roman, ainsi que le film qui donna l'occasion à Clint Eastwood d'interpréter un de ses plus beaux rôles.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Puis il a ouvert les yeux. Et en a refermé un presque aussitôt. Je n'aurais jamais imaginé que quelqu'un puisse m'adresser un clin d’œil en pareilles circonstances ; c'était pourtant ce qu'il venait de faire.
"Vous avez peur ? a-t-il demandé, très bas mais distinctement.
- Non", j'ai dit, puis : "Si.
- C'est bien. Moi aussi, a-t-il dit avant de lâcher un soupir et de refermer les paupières.
- Vous pouvez bouger ? je lui ai demandé.
- Je suis venu jusqu'ici en me traînant à quatre pattes et en rampant sur le ventre. Je pourrais peut-être pousser un tout petit peu plus loin s'il y avait un endroit où aller.
- L'école Farnsworth est juste au-delà de ces bois, je lui ai dit. C'est le pensionnat pour jeunes demoiselles de Miss Farnsworth."
Il a réfléchi un instant. Puis : "Il y a des hommes, là-bas ?
- Pas d'hommes, non. Juste cinq élèves en me comptant moi... et aussi Miss Martha Farnsworth et sa sœur, Miss Harriet Farnsworth. Je ne dis pas que vous y serez complètement le bienvenu, mais ce sera toujours mieux qu'ici.
- Il y a du vrai là-dedans. Je vais accepter votre invitation. Voyons si, par hasard, je ne serais pas capable d'y aller à pied. Pouvez-vous m'aider à me lever ? J'ai la tête qui tourne.
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Je l'ai trouvé dans les bois. Miss Harriet m'avait donné la permission d'aller chercher des champignons à condition que je promette de ne pas dépasser l'ancienne piste indienne, juste avant la pente où les bois commencent à descendre vers le ruisseau. Ces terres appartiennent toutes aux Farnsworth mais ils n'en ont jamais rien fait, je crois, ce qui me va très bien. Les endroits comme les bois, je préfère qu'on les laisse tels qu'ils sont. En tout cas, cet après-midi-là - la première semaine de mai, c'était, je n'ai pas trouvé beaucoup de champignons, mais je l'ai trouvé lui.
Il était étendu face contre terre dans un tas de feuilles mortes, un bras agrippé à une grosse branche cassée à laquelle il se cramponnait comme si c'était sa mère ou un radeau en eau profonde. Sa casquette était tombée et une demi-douzaine de mouches bourdonnait autour d'une profonde entaille sur son front. Il avait les cheveux roux, les taches qui allaient avec et le teint très pâle entre des traînées sales. J'ai d'abord cru qu'il était mort mais il a gémi tout doucement et s'est un peu tourné de côté. Sous lui, sur les feuilles de chêne, une mare de sang avait complètement souillé la jambe droite de son pantalon.
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Je n'avais aucune idée de tout le mal qu'on avait au fond du coeur, nous toutes. On dirait que personne ne prend jamais le temps de réfléchir à tout le mal qu'on peut amasser au fond de nous...de s'dire qu'une petite pensée mauvaise vient s'ajouter à une autre jusqu'au moment où y suffit que d'un mot de travers pour tout déclencher....et peut-être même une petite chose de rien qu'elle nous aurait même pas échauffé l'esprit dans une période plus calme...et là on fonce tête baissée et on fait des choses qu'on aurait juré devant le Seigneur tout-puissant d'être pas capables de les faire.
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"Mais en quoi suis-je vilaine avec toi ?" a-t-elle voulu savoir [...]

"Tu n'es pas vraiment méchante, en fait, répondis-je. Tout bien réfléchi, je crois que tu es la personne la plus non vilaine que je connaisse."
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D'aucuns dans cette localité m'ont estampillée "non patriote" et me jugent peu solidaire avec notre cause car je nourris ce genre de pensées, mais je maintiens que c'est tout simplement une vision réaliste des événements. Les Yankees possèdent toutes les victuailles, tout l'argent et il ne fait donc aucun doute pour moi qu'ils finiront par gagner cette guerre. Avec de l'argent, on peut acheter de l'acier et de la poudre à canon, du petit salé et toute la bravoure dont on a besoin.
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