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Critique de Pecosa


En mai 1864, la jeune Amelia Dabney, pensionnaire chez les soeurs Farnsworth, part cueillir des champignons dans les bois et découvre un soldat nordiste blessé. La bataille de la Wilderness toute proche fait rage et la jeune fille décide de secourir le jeune homme grièvement blessé à la jambe afin de le mettre à l'abri dans l'école.
Huit femmes y vivent recluses, les soeurs Farnsworth, Martha et Harriet, qui tentent de maintenir le fonctionnement de l'établissement destiné à éduquer les jeunes filles de bonne famille, cinq pensionnaires sans nouvelle des leurs à cause des conflits et la domestique noire Matilda. Le petit groupe qui vit volontairement à l'écart des autres habitations, s'observe, s'épie, se juge.
La soudaine apparition du caporal Johnny McBurney, volontaire Irlandais engagé du côté des Nordistes pour deux cent dollars, va bouleverser la petite communauté. McBurney blessé pense avoir plus de chance de s'en sortir caché au milieu de femmes sudistes que sur le champ de bataille ou aux mains des mauvais chirurgiens de l'armée opérant sous les tentes. Pour survivre, il va tenter de comprendre le mode de fonctionnement de cette petite société, de percer les secrets les plus inavouables de ces dames mais en tant qu'unique homme, jeune et séduisant, il devient très rapidement l'objet des fantasmes de plusieurs d'entre elles. Tandis qu'à l'extérieur, les troupes de Grant et de Lee s'affrontent au milieu des incendies, c'est une toute autre bataille qui se livre à l'intérieur du pensionnat.
Ce remarquable huis clos psychologique, dont les huit femmes et jeunes filles sont tour à tour les narratrices, ne nous épargne ni les frustrations, ni les fortes tensions sexuelles, pas plus que les secrets d'inceste ou de relations inter-raciales.
Dès le début du récit, la clairvoyance de la servante- "Y flottait autour de lui une odeur de mort. C'était pas tant qu'y saignait, ni qu'il était tout pâle et complètement inerte, non, c'était une sorte de stigmate que j'aurais décelé même si je l'avais vu marcher sur la route, intact. Au premier regard, j'ai su que rien au monde ne pourrait le sauver et que ça servirait à rien de s'escrimer."- , l'image de la guêpe maçonne introduite dans la colonie de sauterelles ou celle de la chenille qui envahit un nid de fourmis microscopiques, laissent présager le pire, mais qui seront réellement les proies?
Jamais les frustrations féminines n'ont été aussi habilement analysées. Le lecteur oublie très rapidement l'excellente adaptation du roman réalisée par Don Siegel avec Clint Eastwood pour se focaliser sur les pistes que Thomas Cullinan sème habilement ici et là. La narration polyphonique lui permet de conforter les points de vue et de tisser un habile canevas dans lequel le peu sympathique Johnny passe de manipulateur à jouet. Car, comme l'assène très justement la jeune Amélia, "Je ne connais aucun ordre du royaume insecte ni du royaume animal qui accepte un intrus sans remous".
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