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Critique de YvesParis


Comme Annie Ernaux, comme Anne Wiazemsky, comme Christine Angot, mais avec sa voix bien à elle, Catherine Cusset construit une oeuvre largement autobiographique, dévoilant lentement les pans de sa vie. "L'autre qu'on adorait" pourrait laisser penser qu'elle décentre son regard en écrivant l'autobiographie de Thomas, son ami, suicidé dès le prologue du livre.

Elle le fait sous un forme qui nous tient en haleine : l'oraison funèbre écrite au disparu. C'est Catherine (je) qui parle à Thomas (tu) par-delà la mort, nous faisant ainsi entrer dans l'intimité de leur relation tour à tour amoureuse (il fut son amant) puis amical.

Elle raconte (ou imagine à partir des bribes qu'elle en connaît ?) l'histoire de ce garçon brillant et séduisant dont la - courte - vie fut une accumulation d'échecs. Mais qu'on ne s'y méprenne pas. L'échec d'une vie, chez Catherine Cusset, intellectuelle assumée, normalienne, agrégée, c'est rater le concours de l'ENS ou se voir refuser un poste de professeur à Princeton. La sociologie des livres de Catherine Cusset est bien particulière : des intellos désargentés à cheval sur les deux rives de l'Atlantique.

Pour autant, l'histoire de Thomas n'a rien de nombriliste. Si le monde dans lequel il vit est - comme chez David Lodge - "un tout petit monde", ses tentatives toujours vaines d'y trouver sa place sont poignantes. Sisyphe de l'amour, Thomas tombe amoureux. Elisa. Ana. Olga. Mais, par sa faute ou par celle de ses compagnes, ces relations font long feu. Insuccès identiques sur le front professionnel : après l'échec à Normale Sup, c'est la thèse trop ambitieuse sur "Proust et le classicisme" que Thomas mettra plus de huit ans à boucler, c'est le recrutement dans une université de l'Ivy league qu'il rate par excès de confiance, c'est les séjours décevants dans des petits universités de l'Oregon et de l'Utah... jusqu'au suicide.
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