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Critique de LoloKiLi


Catherine parle à Thomas.
Thomas, pour faire bref, c'est un ex.
Un ex de Catherine.
De Catherine Cusset.
Enfin… de la narratrice.
Enfin on ne sait plus ma pauvre Liliane, avec cette récurrente pratique de l'autofiction chez l'écrivain hexagonal du XXIème siècle, on ne sait plus…

Quoi qu'il en soit voilà la vie de Thomas détricotée par Catherine qui remonte le temps à partir de son suicide (celui de Thomas, pas de Catherine). Je ne spoile rien du tout, le roman commence là, au décès de Thomas, point de fuite des lignes de Catherine qui s'enchaînent, aussi denses et intenses que cette quête de reconnaissance où se consumera l'existence de l'imprévisible et flamboyant Thomas.

On sait que Catherine a voulu rendre hommage à Thomas. Seulement voilà, si j'ai pu suivre le garçon avec intérêt, voire compassion, je n'ai ressenti aucune empathie chez la narratrice, et ça, ça me chiffonne sévère.

Ma lecture achevée je ne parviens toujours pas à dissiper le malaise induit par ce récit paradoxal, analyse pertinente d'un point de vue intellectuel mais curieusement indigente sur le plan émotionnel.

La faute peut-être à cet usage méthodique de la deuxième personne. Le Tu qui tue. Qui tue l'intimité en prétendant la créer. Ce Tu déjà déploré chez Sophie Divry* ou Emmanuel Dongala*, artificiel parti-pris à mon sens, qui complique la narration et suscite la distance, plaçant le lecteur en marge d'un dialogue intime dont il se sent exclu. Pire, ce Tu qui s'adresse à Thomas m'est apparu un peu "jugeant", presque accusateur, au mieux maladroit.
Je pourrais en pondre des kilos comme ça sur cet emploi du Tu qui me turlupine mais bon, on ne va pas passer la nuit là-dessus non plus.

Pour en revenir au roman proprement dit, je constate en conclusion que si brillants que puissent être l'intellect et les beaux diplômes de l'auteure, il manque ici pour moi le souffle universel d'une intelligence émotionnelle, autrement dit l'essentiel de ce qui me touche dans la vie en général et dans un livre en particulier.

Je me doute que mon ressenti sera loin de faire l'unanimité, « mais comment qu'elle se la pète la Lolo avec ses grands mots » pourras-tu donc objecter (oui oui, je dis « tu » parce que moi c'est bien à toi que je m'adresse là). Tant pis, j'assume et résume cette antinomie toute personnelle : J'ai dévoré l'histoire de Thomas, j'ai détesté le regard de Catherine.
Voilà.


* La condition pavillonnaire
* Photo de groupe au bord du fleuve


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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