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Critique de Tiephaine


Un roman d'action sympathique basé sur un pitch séduisant, mais dont les défauts d'écriture finissent par exaspérer.
C'était mon premier Clive Cussler, mais je savais à peu près à quoi m'attendre en m'aventurant dans ce livre. Sur le plan de l'action, je ne peux pas dire qu'il n'y en a pas, seulement 99% du temps ça se résume à des course poursuite en hélicoptère, en avion, en bateau ou en voiture. C'est franchement lassant quand ça occupe l'essentiel de l'action des 350 premières pages.
Malheureusement, l'action-poursuite se dilue complètement au fil des pages, car les séquences semblent s'étirer au maximum pour pas grand chose si ce n'est épaissir le livre. C'est un défaut qui se retrouve également dans les scènes d'interlude ou de dialogues: ça s'étale et ça digresse sur des points franchement inutiles. Il y a au moins un tiers (voire la moitié si on est un peu plus sévère) du livre qui n'a aucun but, aucun intérêt, à part faire du remplissage. Il ne s'agit même pas de développer des personnages: on ne les voit plus après leur passage. Les auteurs se sont attachés à donner des noms à presque tout le monde, mais ne prennent pas la peine d'aller plus loin. Et vrai dire, tant mieux, parce que le Dramatis Personae implique plusieurs dizaines de types dont certains n'ont guère plus que deux répliques pertinentes pour l'intrigue.
Autre très gros défaut, la profusion de Deus Ex-Machina qui ruine tout suspens. Sans trop fournir de détails sur l'intrigue, la Corporation semble avoir des moyens tellement illimités que ça en devient ridicule: à chaque fois qu'un méchant veut faire quelque chose quelque part, bim! la Corporation a les moyens de dépêcher sur place une équipe ou un appareil dans les instants qui suivent pour déjouer le plan machiavélique du méchant. Mais pour éviter de tuer l'intrigue, le méchant est encore plus machiavélique et parvient à déjouer le plan, parce qu'il avait tout prévu (apparemment, avec des moyens financiers et techniques lui aussi illimités...).
Ces bastons intellectuelles de Gary Stu à longueurs de pages, ça m'a franchement très vite lassé. Intellectuelles, et seulement intellectuelles, parce qu'il n'y a pas une seule bagarre sur 500 pages, et un seul coup de feu "actif", c'est à dire décrit et dont les effets sont eux aussi décrits. Cabrillo est le pire de tous ces personnages parfaits, intuables et invincibles, et qui bien entendu parviennent à régler absolument tous les détails et à empêcher absolument tous les problèmes. A cet égard, la deuxième partie est d'une nullité totale, une caricature de littérature d'espionnage/action. C'est bien simple: elle n'a aucun enjeu particulier, on comprend très vite que les auteurs ne se laisseront pas aller à un quelconque élan négatif dans leur conclusion. Et de fait, tous les méchants sont morts (c'est même plus un spoil, vous le comprendrez au bout de 50 pages), tout le monde obtient sa promotion, sa médaille et sa prime, et peut rentrer à la maison en héros.
Je crois que le pire, c'est que les auteurs en sont parfaitement conscients. Pour éviter de tuer trop vite leur intrigue et ses enjeux, ils n'hésitent pas à recourir au teasing de fin de chapitre, pour dire "hey, restez avec nous, parce que là y'a un truc mystérieux et on va vous le révéler dans les quarante pages qui viennent".
L'intrigue est pourtant sympa, et voit deux schémas imbriqués de façon plutôt intéressante et inventive. le classique de l'arme nucléaire apocalyptique qui voyage pour exterminer toute une ville reste bien développé et les dernières pages de ce segment sont vraiment pas mal réussies. L'originalité de la météorite tueuse est elle aussi appréciable, même si clairement les auteurs n'ont pas su quoi en faire avant la deuxième partie (c'est franchement évident à la lecture de celle-ci): on ne sait finalement plus si elle est dangereuse parce qu'elle est radioactive (bombe sale), si c'est parce qu'elle abrite un virus-de-la-mort, ou si elle sert juste de twist scénaristique pour la deuxième partie, où elle a perdu tout caractère de dangerosité et se retrouve reléguée au rang de simple caillou qu'on trimbale seul sans aucun risque alors qu'il fallait deux vikings pour la porter (et qui en sont morts en quelques jours) au tout début de l'histoire.

Ai-je passé un bon moment de lecture? En éteignant mon cerveau, oui, sans aucun doute. Ça se lit sans vraiment y penser ni réfléchir comme n'importe quel roman de gare, et il vaut mieux, parce que quand on commence à faire attention, les défauts nous sautent au visage comme un Face Hugger d'Alien. Des Gary Stu, des twists inutiles, un scénario qui ne sait plus comment se développer et s'achever, des Deus Ex-Machina à profusion, et le truc central du roman qui finit par ne plus servir à rien. Je suis assez content de l'avoir fini pour ne pas avoir besoin d'y revenir. Et je ne le lirais probablement pas une deuxième fois dans dix ans...
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