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Critique de Apollonie


Un style qui caresse et qui tranche tour à tour comme un tantõ bien aiguisé.
Une scénographie conçue telle un kaléidoscope réconciliant à chaque chapitre qui se tourne : les fragments du passé, du présent, d'Agnès, de Julien, du bourreau, de l'enquête.
Car dans Ecchymoses, le suspens ne réside pas dans la découverte de qui est l'assassin mais bien dans l'autopsie méthodique de l'origine du mal d'une part et la trajectoire incertaine d'Agnès d'autre part.
Agnès, personnage complexe, dont la vengeance éclate comme un barrage qui cède, lorsqu'elle croise son bourreau des années après, et dont on se demande, fébrile, jusqu'où ce bouleversement va la conduire…
J'ai été bousculée, tergiversant sans cesse entre des désirs contradictoires : désir de la voir assouvir sa vengeance, désir de la voir trouver la lumière pour se reconstruire, désir que la police s'oppose afin de mettre fin à tant d'atrocités.
Agnès, face au miroir, se réfléchit, son image se brouille et laisse entrevoir les contours de son bourreau.
Et le bourreau de se répandre lentement par capillarité. Il se répand et il déborde, dans sa forme universelle, pour tout entacher : la mère, les voisins, le milieu scolaire, jusqu'au frère… se déclinant à toutes les personnes.
À moi-même.
Car si j'ai été effarée par la cruauté de la vengeance d'abord, j'ai été effarée d'être entraînée malgré moi dans cet appétit insatiable de sauvagerie au fur et à mesure que Carelle lève le voile sur les ecchymoses.
Sur l'origine du mal.
Sur l'inacceptable.
L'intolérable.
Le mal dissout la chair et l'esprit comme l'acide sulfurique entame le métal.
Il a rongé, ronge encore et il rongera tant que les bourreaux vivront.
“Kill them all” enfle alors dans ma tête et se répond en écho.
Oui mais…
Et la justice des hommes ?
Doit-on se faire justice soi-même ?
Doit-on répondre au mal par le mal ?
Ces questions se posent là comme une vieille cicatrice boursoufflée qui se réouvre et me bousculent, me ballotent tout au long du récit alors que le kaléidoscope tourne, et tourne, et que les frontières s'étiolent et se confondent pour finir par éluder le débat et me lier fermement au destin d'Agnès.
Passionnément.
Jusqu'au rebondissement final, aussi surprenant qu'inattendu.
Et je pose le kaléidoscope, bluffée par cette toute dernière combinaison, dévoilant dans sa complétude le tableau abouti et magnifique qu'est Ecchymoses.
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