AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Freio


Il y a de quoi être surpris de prime abord par cette étrange autobiographie (incomplète car elle ne couvre qu'une partie de sa vie, de sa naissance à l'année 1941). Même si avec Dalí, on peut s'attendre à toutes sortes de fantaisies, l'extravagance des expériences auxquelles il nous convie peut être déconcertantes pour le lecteur. Puis à la longue, on s'y habitue se disant que l'on reconnaît bien l'artiste surréaliste puis enfin on comprend.
Peu importe si la totalité des faits racontés soit vraie ou pas, peu importe qu'il invente ou construise sa légende, parce qu'au final cela fait sens. Car c'est bien au coeur de l'expérience créative que nous amène Dalí. Il souhaite partager, et cela lui semble vital, son extraordinaire sensibilité au monde sensuel (à la façon d'un Marcel Proust - que dire de la sensation que lui procure une goutte de café chaud sur sa peau, du paysage de Cadaquès et de port Lligat, de la vision d'une aisselle de femme plus ou moins poilue – il a une théorie...) qui débouche sur une créativité unique et cela est la grande force de ce livre. On comprend son oeuvre les cheminements pour le moins tortueux de la psychologie voire de la philosophie dalidienne comme il aime s'en vanter. Alors, cela peut être énervant mais tellement génial à la fois.
Et puis on découvre un personnage, que je connaissais finalement très mal. J'ai aimé qu'il défende la tradition picturale européenne contre ceux, dont Joan Miró, qui prétendaient l'assassiner. Oui, il propose de la prolonger et de la réinventer . Et ne croyez pas que cela ce fasse sans doutes, hésitations, ni angoisses. A bien des reprises, il remet en cause sa production jusqu'à la folie. On peut dire que la chance de sa vie et d'avoir rencontré Gala Eluard. Elle est la colonne vertébrale de ce fantasque personnage. Bien qu'en retrait, elle est omniprésente et indispensable à Dalí. Sans elle, il serait devenu fou.
Ce qui aussi très intéressant c'est à quel point Salvador Dalí est en décalage par rapport au monde qu'il fréquente : subtile mélange de non conformisme et de révolution réactionnaire. Que dire de l'admiration qu'il porte à Alphonse XIII alors que tout le monde le méprise et tout particulièrement à l'école des beaux arts de Madrid, où il fut le seul à l'occasion d'une visite du monarque à s'agenouiller et à lui baiser la main à l'étonnement générale des étudiants et des professeurs. Professeurs, dont il critique le modernisme et leur abandon de la rigueur au profit de la seule abstraction. Une modernité dont il conchie le manque de poésie et qui normalise l'être humain en refoulant toutes fantaisies et excentricités qui sont pour lui inhérentes à l'homme. Surprenant pour quelqu'un qui est perçu comme l'avant garde du surréalisme. Un surréalisme qui ne peut se fondre dans un aucun courant politique, d'où son apolitisme et sa rupture avec Aragon dont il rejette son stalinisme. Enfin, il ne rejette pas seulement les « -ismes » de l'histoire – fascisme, communisme, catalanisme – il rejette L Histoire en générale dans laquelle il ne peut se fondre. Dalí n'aura de cesse de rester en marge de celle-ci même aux heures les plus sombres. L'histoire peut tuer son art or Dalí ne vivait que pour l'art et seulement pour l'art !

Il y aurait tant d'anecdotes à raconter mais je préfère vous inviter à les découvrir par vous même et à apprécier aussi au passage son talent d'écrivain !
Commenter  J’apprécie          71



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}