La rencontre. Notre première rencontre bordelaise, comme une dérive dans les rues de la ville, au prétexte d'une promotion dans quelques boutiques de nos deux premiers livres publiés. Nous nous moquions de ce simulacre à nous prétendre les commissionnaires patentés de ces textes que nous avions déjà remisés dans les méandres de l'oubli. Le monde littéraire, où nous nous étions naïvement projetés, n'avait pas encore livré à notre entendement toutes les subtilités de ses pauvres exigences. Nous avions bien quelques pressentiments qui, ce jour-là, nous ont permis de maintenir une distance, d'oublier le chemin à suivre pour être des écrivains. Basta ! Nous avons ri, nous avons bu et mangé dans d'incessants bavardages, sans autre but que cette présence de deux êtres jetés dans le monde, sans rien.
Michel Gros-Dumaine