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Critique de Foxfire


Une des raisons pour laquelle j'aime le western c'est sa dimension à la fois historique et mythologique. le western a créé son propre mythe avec ses paysages à la fois géographiques et narratifs (la frontière dans le western est une notion qui dépasse sa définition de lieu) et ses grandes figures archétypales. Pour créer ces personnages la fiction s'est bien souvent inspirée de la réalité. On connait tous les noms de Wyatt Earp, du gang des frères James, de Calamity Jane, etc… Toutes ces figures historiques ont largement été utilisées, en trahissant plus ou moins la vérité des faits, par la littérature et le cinéma. C'est le cas du gang des frères Dalton qui apparait dans pas mal de westerns et de façon un peu détournée dans Lucky Luke (dans la B.D de Morris, il s'agit des cousins du véritable gang). Je suis toujours intéressée de découvrir l'envers de la fiction, et connaitre un peu la réalité de ces figures réelles devenues personnages de fiction. Cette autobiographie d'Emmett Dalton ne pouvait donc que m'intéresser.

C'est un livre vraiment intéressant mais qui n'est pas exempt de maladresses et de défauts. Tout d'abord, Emmett Walton n'est pas écrivain et cela se sent. le principal défaut de cette autobiographie, c'est sa construction narrative. Dalton part dans tous les sens, de façon désordonnée et il faut bien dire que le récit est assez confus. A l'issue de ma lecture je serais bien en peine de faire un résumé de la vie du gang. de plus, j'ai la très nette impression qu'Emmett Dalton cherche beaucoup à minimiser sa responsabilité et celle de ses frères, en tout cas il a tendance à toujours trouver une justification à leurs actes criminels. Ceci dit, les épisodes qu'il dépeint sont plutôt intéressants et le récit permet d'avoir un aperçu de la vie quotidienne à cette époque.
Mais, indéniablement, c'est surtout la fin du livre qui est la plus intéressante, lorsqu'Emmett Dalton délaisse le récit de sa vie et se met à livrer ses réflexions sur le système judiciaire et le système carcéral. Cette partie est absolument saisissante tant elle est, plus de 100 ans après, toujours d'une actualité brûlante. En effet, Dalton dénonce avec force l'inégalité de fait devant la justice entre les pauvres et les riches. Et il évoque le problème de ce qu'on pourrait appeler la « privatisation » du système carcéral. En effet, il explique comment des industriels privés s'ne mettent plein les poches en utilisant la main d'oeuvre peu coûteuse des détenus et comment cette concurrence déloyale créé du chômage. Ce sujet est totalement d'actualité, aux Etats-Unis les prisons sont déjà largement gérées par le privé et cette question est régulièrement mise sur le tapis même en France où certains politiques prônent un système de financement des prisons où le privé aurait sa place.

Si la partie relative à la vie des Dalton m'a plu mais sans m'enthousiasmer, je l'aurai vite oubliée, j'ai découvert que certaines questions de société se posaient déjà à l'époque. Et j'ai découvert en Emmett Dalton une personnalité forte, complexe et finalement attachante.
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