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Critique de glegat


San-antonio ? Ce n'est pas sérieux diront certains puristes de la littérature. Non ce n'est pas sérieux, c'est drôle ! c'est bon enfant, c'est truculent, cela détend et change les idées. En lisant cet opus n° 27 publié en 1957 de la série des San-Antonio j'ai retrouvé un peu mon adolescence, à l'époque où j'écrivais et lisais des histoires rocambolesques à la limite du vraisemblable, mais riches de péripéties en tout genre et laissant mon imagination vagabonder librement. Bien sûr je n'ai pas le talent de Frédéric Dard et l'on mesure à quel point le style emporte tout, quelle que soit l'histoire. L'intrigue est importante, mais la manière de raconter une histoire est déterminante pour retenir le lecteur. Frédéric Dard est un maître écrivain à n'en pas douter, il a cette capacité d'entraîner le lecteur dans son monde, de l'intéresser, quel que soit le sujet de son récit et surtout de l'amuser et de le distraire, ce qui demande déjà un certain talent.

Je ne vais pas résumer l'histoire de ce livre, cela ne présente pas de réel intérêt, il n'y a pas d'étude psychologique ou de leçon de morale sous-jacente, tout est dans le style, la liberté complète dans l'expression, l'usage inattendu des mots, les calembours, les métaphores osées, l'invention du langage, les néologismes. Frédéric Dard est un romancier prolifique. La série des San-Antonio compte 175 romans sur un total d'environ 400 romans publiés par l'auteur. Évidemment un roman tel que “j'ai peur des mouches”, relativement court et sans complication peut s'écrire plus vite qu'illusions » perdues De Balzac, mais la performance est quand même bluffante. Ce qui caractérise à mon sens le style de Frédéric Dard, outre sa maitrise de l'argot et son humour un peu gras, c'est sa fluidité. Il n'y a pas de temps mort, tout coule, s'écoule jusqu'au dénouement final. Cependant je ne vais pas pour autant entamer la lecture de toute son oeuvre, j'ai apprécié cette lecture comme une surprenante incursion dans un monde littéraire que je ne connais pas beaucoup. Je ne sais pas si je vais poursuivre dans cette voie, sans doute lirais-je un deuxième livre de Frédédic Dard pour me faire une opinion plus précise, mais j'ai déjà le sentiment qu'il n'y a sans doute pas autre chose à trouver dans son oeuvre que du divertissement, de l'amusement, une manière reposante de faire un break histoire de changer radicalement de point de vue pour observer le panorama de la littérature dans toute sa diversité.

Voici quelques brèves qui m'ont fait sourire :
« S'il compte sur mézigue pour lui administrer un vulnéraire, il se cloque le médius dans l'oeil jusqu'au slip » (Page 19)
« Je déballe une série de grossièretés que ma bonne éducation, jointe à celle de mon éditeur, m'empêche de reproduire ici. » (Page 49)
« Comme dirait un de mes amis vénitiens, c'est une lagune qu'on va combler ». (Page 55).

Je ne recommande pas d'utiliser ses citations dans une dissertation philosophique, mais dans une réunion entre amis cela peut faire son effet.

J'ai aussi apprécié le fait que chaque chapitre soit introduit par quelques mots qui décrivent ce à quoi doit s'attendre le lecteur. Ce procédé littéraire ancien a été utilisé notamment par Jules Verne. Il donne à la forme du récit un côté désuet avec dans l'usage qu'en fait Frédérice Dard, un effet de comique décalé.
Exemple : Chapitre V Dans lequel il est prouvé qu'à côté de moi, Buffalo Bill sucrait les fraises !

Dans la pharmacopée des livres qui soignent, un San-Antonio ne vous guérira pas d'une maladie mais vous évitera dans contracter une : la morosité !

– « J ' ai peur des mouches », San-Antonio (Frédéric Dard), Hachette (2023), 173 pages. Volume N° 1 de la collection Frédéric Dard
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