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Critique de pierre31


Autant annoncer de suite la couleur, ce livre est d'une subtilité inénarrable : il est pour ainsi dire sculpté à coup de barre à mine dans un bloc de saindoux.
San-Antonio est pour une fois totalement absent, en vacances avec Marie-Marie, la nièce du pourceau. C'est donc un Bérurier que plus rien ne retient qui mène l'enquête à coup de poing et de paf, accompagné de Pinaud, plus délabré que jamais. L'intrigue, réduite à rien, n'est qu'un support à l'outrance verbale, aux délires les plus fantaisistes, à la paillardise la plus débridée, aux excès joyeux et orgiaques de l'Infâme au sommet de sa forme.
Un exemple parmi tant d'autres du romantisme larmoyant qui imprègne ce chef-d'oeuvre :

— Tombe pas dans l'éguesagération, Sandre. Certes, j'sus une pauv' femme avec des faiblesses, beaucoup d'faiblesses. J'ai du tempérament, qu'veux-tu ! Mais la faute à qui ? Qui c'est, l'mec qu'a su m'embraseser l'essence ? Il s'appelle comment est-ce, Hmm ? Oui : Béru ! Y m'arrive de papillonner et de prend' des pafs, mais d'coeur je t'ai resté fidèle. J't'aye dans la peau, Sandre. J'sus amoureuse de toi pour la vie. Et si tu mourrirais, bien sur, j'm'ferais encore sauter, mais j'me remarierais jamais !
Là- dessus, elle a la belle initiative d'éclater en sanglots.
Complètement retourné, Alexandre-Benoît tombe à genoux et prononce les mots qu'il faut :
— J't'd'mande pardon, Berthy, ma pensée a dépassé mes paroles !
Larmes.
Ensuite, le couple turbulent se joint. Bertrhe se met au bord du lit, les jambes pendantes. Béru enfouit son visage d'agenouillé entre les délectables cuissots de sa moitié. Il retrouve avec émotion ce goût subtile de charcuterie bavaroise qui tant l'ensorcelle.
Devant cette sorte de prière païenne, Pinaud se sent remué par un sentiment profond fait d'admiration, de reconnaissance, de foi profonde en l'humain, si fragile et si fort aussi ! Il va s'asseoir dans un fauteuil et regarde le gros déguster Berthe avec une tendre voracité. Elle a appliqué ses deux mains de lavandière sur la nuque puissante du taureau fougueux comme pour l'imprimer en creux dans son sexe béant.
Elle a une douloureuse grimace de jouissance, apostrophe Pinuche :
— R'gardez comme il s'y met d' bon coeur, m'sieur César ! Quel ogre ! Y va tout m' disloquer la craquette à ce train d'enfer ! C't un bouffeur-né, mon Sandre ! Et vous n' voiliez pas sa menteuse ! Un vrai caméléon ! Il tire un panais gros comme un' escalope, l'Apôtre ! Vous pouvez croire qu'y s'régale. Oh ! Oh ! Là là ! Ça me gazouille partout ! Je pâme déjà ! Quel artiste ! Si on organs'rait des championnats d'minette, y gagnerait la coupe ! Ça y est : y m' déclenche l' sagouin ! Je pars en liqueur, m'sieur César ! Ah ! le gros salingue ! Mais y m'en laissera pas, hein ! Y veule tout pour lui, c' goret de merde ! Voui ! Vouiiii ! Sandre : je t'aémaeu !
Elle fade. le Goulu poursuivant toujours la manoeuvre, elle lui décroche un coup de genou dans la gueule en grondant :
— Mais y va pas lâcher prise, ce con ! Un vrai bulldog, bordel ! Arrête, nom de dieu ! J'ai donné !
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