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Critique de jamiK


Deux quoi ?

Le roman policier est le genre où il y a le moins de suspense, c'est pour ça que j'en lis rarement : Je te le donne en mille Émile, Je suis à peu près certain qu'à la fin, le héros va démasquer le coupable. Alors si j'ouvre de temps en temps un San Antonio, c'est pour le plaisir de le voir surcocufier les cocus, calembourrer et bourrer dans tous les sens, ça valdingue, les ballots ballottent, les pucelages s'envolent… Si les cons volaient, et bien ici, ils volent, avec les mots, le langage outrancier, plus loin, plus profond, comme il le dit : “C'est pas seulement les mots qu'il faut violer, mais également les phrases”. Il ne ménage pas ses ardeurs, dans tous les sens du terme, physique, mais aussi de la plume qui pèse sacrément lourd, elle traverse même le plancher quand elle écrit le mot haltères. Les mots sonnent aux oreilles et parfois au contraire, l'astuce n'est que pour les yeux, c'est tordu, tordant, torturé, et ça glisse. Bon, n'oublions pas notre histoire quand même : San Antonio va tenter d'innocenter un condamné, bref, pas besoin d'en dire plus, ce n'est pas ce qui est important. Moi, ce que j'aime, c'est quand ça dérape, et là, même les dérapages dérapent, et l'écriture devient parfois totalement incontrôlable, bien plus que San Antonio lui-même. C'est une formidable idée de signer ses romans du nom du personnage, on n'est jamais très loin de la schizophrénie totale, c'est le héros qui écrit, mais l'auteur se permet alors une quantité de digressions infinies, allant de la vantardise (20 cm !), à quelques critiques de l'actualité de l'époque (1979), et d'autres encore plus savoureuses sur l'écriture elle-même (vous trouverez dans les citations que j'ai publié sur le site, quelques moments d'anthologie). Et tout ça, c'est gratis, c'est même un plaisir quand ça vole bas, parfois le jeu de mot apparaît entre les lignes sans raisons, sinon celle de se lâcher, on dirait que les mots sortent malgré eux, l'auteur ne maîtrise plus sa plume, c'est elle qui le tient en son pouvoaaaar ! Alors ça plane, ça vole, mais souvent très bas, faut aimer le rase motte, rase touffe, parce qu'ici, c'est la spécialité.

Pour résumer et pour ceux qui n'auront pas le courage de lire ce long paragraphe sans retour à la ligne : jubilatoire !
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