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Critique de StCyr


Biribi est un terme aux sonorités qui ne sont pas sans rappeler le babil d'un nourrisson, mais qui désigne tout autre chose; on est plus proche des souffrances de l'enfer que des douceurs des langes. Biribi désigne les camps disciplinaires où on envoyait les militaires récalcitrants, les insoumis, les indisciplinés. Avec se livre, présenté comme un roman, à la veine fortement autobiographique, Georges Darien fait oeuvre pie, en apportant son témoignage, sous forme de réquisitoire, contre un système abjecte de représailles institutionnalisé par le pays des droit de l'homme et du citoyen.

Justement, dans les années 1880, on refusait la qualité de citoyen à l'homme du rang, soumis à tous les caprices éhontés de leurs supérieurs; à peine leur était reconnu la qualité d'être humain, tant la litanie des vexations, des sévices, des tortures, voire des meurtres parfois, dont ces hommes furent victimes, présentée dans cette écrit, en manière de coup de point, est ici édifiante. L'abjection des chaouch, ces gardes chiourmes en majorité corses, torturant leurs camarades et montant des machinations contre leur têtes de turques; la corruption des gradés, faisant leur beurre sur la besogne de réprouvés corvéables à merci; l'hypocrisie foncière d'un système inhumain et injuste prônant la soumission aveugle et totale, la délation et la suspicion entre les soldats; tout est rendu frappant et émouvant dans cette oeuvre qui relève plus du pamphlet, du cri d'indignation, que du simple récit plus ou moins autobiographique.

Un brûlot donc, une bombe incendiaire, que cette oeuvre, dénotant un courage véritable et une belle liberté de conscience - quand on sait quel esprit militariste dominait la société française de cette époque-là -, expression à fleur de peau de la rage et de la colère qu'ont éveillé, en son auteur, l'expérience douloureuse des camps disciplinaires
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