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Critique de ecceom


Un Homme est passé
(rédigé en mai 2017)

Document passionnant.
Tout Hollande apparaît, en creux ou en bosses, depuis le moment où il passe de l'apparatchik sublimé par la campagne, à ce bonhomme un peu gauche (et en même temps…), statufié par la fonction, adoptant ce ton plaintif et ennuyeux, cet air de chien battu… ratant tout ce qu'il tente, même quand il le réussit, rattrapé au final par sa caricature annoncée.

On le voit attendant en vain une reconnaissance, notamment pour son activité à l'international (le passage sur son intervention pour convaincre Tsipras et éviter le Grexit est passionnant), se livrer de façon dangereusement naïve en reconnaissant que les comptes de l'Etat sont truqués ou rapportant ses conversations avec Poutine.

Indécis, émollient, velléitaire, pusillanime, secret, orgueilleux, naïf, cynique, lucide et aveugle, bienveillant, faux mou, vrai dur, honnête…politique. On ne sait même plus quoi penser.
On sait en revanche qu'il aura traversé ce quinquennat comme une ombre, en agissant souvent, en analysant finement, mais en gâchant quasi systématiquement, en abîmant avec persévérance son image, par souci d'un compromis impossible, par l'absence de passion, de fougue, de désir d'entraîner.

La presse s'est empressée de ressortir les détails les plus polémiques en négligeant tout ce qui fait le sel de ces confessions, la volonté de maintenir en vie l'illusion qu'on peut lutter contre l'oxymore « Président normal » mal expliqué et l'impossibilité de se remettre du ridicule qui tue un Président plus sûrement que le nombre de chômeurs : on ne peut sortir indemne d'une photo avec un casque de scooter sur la tête.

En lisant, on pense instantanément à Macron. Hollande s'est suicidé en avançant des promesses hasardeuses (l'inversion rapide de la courbe du chômage, une présidence normale, la lutte contre la Finance ennemie…). le nouveau Président lui, n'a tenu que des discours insipides, sans aspérité, sans promesses. L'avenir dira s'il a eu raison de ne pas offrir trop de prises à la mémoire collective.

C'est la chronique d'un échec annoncé, c'est parfois un peu longuet, mais comme témoignage de la dureté de la tâche, il n'y a guère mieux.

Car s'il doit rester quelque chose de ce livre c'est bien la terrible solitude qui guette celui qui décide d'une intervention militaire ou qui doit annoncer une perte aux familles concernées. Un métier de chien qui à ce titre, au delà des quolibets et des simplifications, mérite un minimum de respect.

Poil au nez.
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