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Critique de BazaR


J'ai pénétré dans l'histoire lentement, mais dès que la bataille a commencé, je n'ai plus pu lâcher le bouquin.

Pourquoi cette bataille ? L'Empire d'Asreth a pour vocation de mettre la planète Evanégyre sous sa domination mais avec l'idée qu'ainsi aucune guerre ne sera plus possible (c'est la même idée qui est attribuée à l'empereur Qin dans le film Heroes). Loin de se comporter en empire colonial type français, il attribue immédiatement la citoyenneté Asreth entière au vaincu et prépare la sauvegarde de la culture intégrée (cela semble facilité par une absence de « racisme » à l'intérieur de l'Empire, du moins le thème n'a pas encore été abordé par l'auteur). le petit pays de Qhmarr refuse l'allégeance, malgré les tentatives diplomatiques répétées de la part d'Asreth. La bataille entre ses forces navales et celles de la septième Légion de l'Empire aura donc lieu.

Il faut imaginer un conflit asymétrique mettant face à face les forces marines US de Midway pendant la 2ème guerre mondiale (sans l'aviation) et une partie de l'invincible armada espagnole du 16ème siècle. Evidemment l'Empire est sûr de la victoire et sous-estime carrément son adversaire. Mais plus curieusement, les maîtres de Qhmarr sont également sûrs de leur coup, et eux aussi sous-estiment l'Empire. Car Qhmarr a gardé un atout dans sa manche. Il est d'ailleurs curieux d'un point de vue diplomatique qu'il n'ait pas essayé d'avertir même indirectement son adversaire de sa puissance. La carte de la dissuasion aurait certainement porté la discussion plus loin et retardé l'emploi de la force.

L'essentiel du récit nous emporte au milieu de la bataille, à travers les points de vue de plusieurs membres des forces d'Asreth, de l'amiral au simple canonnier. La morgue, la surprise, la peur, le courage, l'esprit de sacrifice, toutes ces sensations colorent la guerre vue de l'intérieur. Malgré la faible longueur du roman (c'est moi qui dit ça, alors que je regrette la tendance au pavé dans laquelle on est tombé de nos jours ?) on arrive à s'attacher énormément aux personnages ; dans la fureur ambiante leur humanité n'en paraît que plus vibrante. J'ai été également ravi de retrouver la générale Korvosa de « la Route de la Conquête », qui n'est encore ici que lieutenant. On comprend mieux comment le personnage a pu évoluer entre les deux récits vers plus de désir de comprendre l'autre et moins de l'anéantir. Elle a beaucoup pris au généralissime Vasteth qu'elle accompagne.

D'ailleurs en parallèle de la bataille géographique, c'est à un affrontement d'ordre idéologique que l'on est convié, qui est mené par Vasteth et le premier ministre de Qhmarr. Asreth veut conquérir pour apporter la paix, la connaissance, une grande liberté sociale ; dans l'Empire la liberté de l'individu est importante. Qhmarr ne veut régner sur personne ; il veut seulement suivre l'Ordre imposé par le divin. Mais l'individu n'existe pas vraiment à Qhmarr ; il lui faut accepter sa place même si c'est celle d'un intouchable, vision révoltante pour un citoyen d'Asreth.
Traiter le problème en noir et blanc est impossible ; on se plaît à reprocher des comportements aux deux camps et à en applaudir d'autres. Cette complexité relative ajoute de l'intérêt au récit.

Pour l'instant je trouve que l'univers d'Evanégyre est un sans-faute. Mais il reste tellement à découvrir. J'attends avec impatience le roman « Port d'âmes » qui nous dévoilera un autre pan de cette magnifique fresque.
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