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Critique de fuji


Ce roman se lit comme une longue lettre à la mère.
Daredjane et Tamaz forment un couple amoureux et sont des parents complices de deux filles : Kessané et Tina.
Dans les années 70-80, la mère et ses deux filles passent une partie de l'été chez les parents de Daredjane.
Pour les fillettes, avant la joie de retrouver les grands-parents, il y a l'épreuve de l'aéroport. Cette scène d'ouverture est d'une cruauté absolue, totalement abjecte, et montre combien il est difficile pour des exilés de maintenir les liens avec leur famille.
Les deux fillettes sont différentes, Kessané n'a pas le type géorgien, Tina elle peut se fondre dans l'identité des femmes de ce pays. Mais les différences ne sont pas seulement physiques.
Kessané a une meilleure amie, comme une seconde soeur, Béatrice.
« Parfois, il me semble que tu te crois différente parce que tu es géorgienne. Peut-être son amie a-t-elle raison. Parfois, il lui semble être la gardienne d'un trésor caché. »
Si Déredjane est venue en France c'est grâce à l'amour que ses parents vouent à ce pays, danseuse dans un ballet, ils la poussent à partir pour une tournée internationale. C'est à Paris qu'elle rencontrera Tamuz.
La deuxième partie des vacances d'été pour les parents et les deux filles se passe à sillonner la France et ses trésors jusqu'à la rentrée des classes.
Dernier été en Géorgie 1993, le grand-père est décédé depuis deux ans.
Kessané et Tina vont tracer des routes bien différentes, l'ainée est volontaire et travailleuse, Tina rêve d'une carrière de danseuse, et est une enfant inquiète et possessive avec son ainée, des traits de caractères qui ne vont pas s'améliorer à l'âge adulte.
Si Kessané choisit d'écrire leur histoire c'est avant tout pour atteindre le coeur d'une mère, qui vit chez elle depuis la mort du père et cette mère est enfermée dans son monde et elle n'est pas juste avec son ainée, elle couve la cadette.
C'est un écrit intime qui montre que chacun a sa vision de la famille et qu'aucun membre ne vit les évènements de la même façon.
Bébia et Babou sont deux figures emblématique de l'enfance, et avec leur disparition il y a un délitement des liens.
Il y a aussi le premier amour, perdu, retrouvé.
L'écriture toute en finesse nous emporte dans cette fresque familiale qui n'est pas la nôtre mais qui nous amène à réfléchir.
« Je voudrais tisser avec les mots une couverture qui nous protègerait, à défaut de nous rapprocher »
Duras disait « écrire c'est hurler sans bruit », c'est aussi faire une déclaration d'amour sans fioritures.
Lu dans le cadre du Jury du Prix du Roman Fnac 2022, n'est plus en lice et c'est dommage.
©Chantal Lafon


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