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Critique de Afleurdelivres


Haute voltige
Erri de Luca, l'immense Erri de Luca.
Chacune de ses phrases, aussi courte soit-elle, est un véritable moment de grâce.

L'auteur se fait tardif, d'enfant, il n'en a pas eu, n'en aura probablement jamais. Alors dans ce court roman à la densité incandescente, il s' invente un fils, lui donne corps un soir d'orage sans électricité, à la lumière rougeoyante d'un feu de cheminée et à la flamme apaisante d'une bougie. Et il en a une image précise de ce fils fantasmé, idéalisé, miroir de lui-même. S'engage aussitôt un dialogue passionnant marquant, et étourdissant de poésie.
Un face à face avec ce fils imaginaire, non de bois mais de mots, aux liens d'encre à défaut de sang, qui, sans ménagement va le pousser dans ses retranchements, le contrer, le contraindre au bilan, à une réflexion sur la vie, à l'aveu de ses failles et de ses limites, à un questionnement sur la transmission.
L'écrivain retrace sur un fil sensible des morceaux de vie, non sans une certaine hauteur et sagesse. Une analyse lucide de l'existence et un regard subtil sur son passé (son statut d'ouvrier, son militantisme, son amour de la montagne, de la solitude , la temporalité et surtout sa passion de la littérature et de l'écriture)

Ce loup solitaire invoque aussi des disparus qui s'extraient momentanément de leur gangue évanescente : son père fuyant et sa mère surtout, dont il a manqué de tendresse, pour retourner presque aussitôt dans « la coquille de l'absence ».

Sa nostalgie et sa mélancolie sont contenues, son récit sobre, sans pathos mais lumineux.

Et puis il y a...Naples, la rebelle l'anticonformiste, la théâtrale, l'intemporelle Naples. Grouillant de personnages bruyants aux tempéraments aussi explosifs que le volcan qui les domine, Naples, « leur système nerveux ».
Enfin, la métaphore du jeu de l'oie et son lancer de dés hasardeux , jeu de vivre, spirale de l'existence dans laquelle on passe et repasse.
La fin du roman est une perle d'émotion…
Absolument sublime
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