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Critique de OttoManchette


Debord a la fausse réputation d'être un auteur obscur.
Sa prose, héritière du Grand siècle, est au contraire d'une parfaite limpidité.

Sur le fond, par contre, il opte pour une approche ésotérique, au sens philosophique. Il ne s'adresse qu'à des initiés, en s'appuyant sur sa filiation intellectuelle.
Il est donc très difficile de le comprendre, surtout si on n'a pas lu Marx et Lukacs.
Marchant dans leurs pas, il inscrit son concept central dans la continuité de leurs analyses de la marchandise. Il reprend donc les concepts tels quels, sans les expliquer ni les vulgariser.
Quand on ne les a pas, il est donc impossible de pénétrer cet ouvrage.

Ce qui est fort dommage, car à chaque relecture, je me rends compte de la justesse et surtout de l'actualité du propos.
Il suffit par exemple de relire le chapitre sur l'urbanisme pour comprendre une bonne partie du malaise d'aujourd'hui (métropolisation, gilets jaunes, etc.).

Renvoyant dos à dos les deux formes de capitalisme alors existantes (les Etats capitalistes dit monde libre ou spectaculaire diffus et les capitalisme d'Etat ou spectaculaire concentré, qui s'opposaient lors de la guerre froide), le concept de société du spectacle est totalement dénaturé aujourd'hui.
Comme l'est le surréalisme (réduit à l'incongruité), la société du spectacle et le surréalisme ont été amputés de leur charge révolutionnaire, et peuvent être répétés par n'importe qui pour raconter n'importe quoi.

Une lecture essentielle : sa publication un siècle après le premier livre du Capital de Marx est, bien sûr, tout sauf fortuite.
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