AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Quand on aborde aujourd'hui ce livre sur le spectacle dans les rapports sociaux (« le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images »), même s'il ne traite que de l'organisation sociale dans son sens le plus large, il est difficile de ne pas avoir en tête les réseaux sociaux sur internet et de trouver un accent prophétique dans ces écrits sentencieux publiés juste avant Mai 1968.
En utilisant le terme de spectacle, Debord n'entend pas spécialement mettre en avant le côté « divertissement » que ce mot peut évoquer, il n'en est même jamais question ; ce qu'il semble lui importer c'est l'attitude que suppose le spectacle - le faux, la représentation -, celle du spectateur contemplatif. Comme l'offre peut créer une demande par la publicité, le spectacle crée le spectateur en gelant le temps.
Le spectacle est le versant social de la marchandisation de l'économie. L'Histoire a une importance primordiale dans cet essai et il relate rapidement celle de l'économie de marché au cours du dix-neuvième et du vingtième siècle : le besoin de croissance perpétuelle, l'industrialisation, la division du travail, l'émergence du secteur tertiaire, etc. ce que Debord nomme le spectaculaire diffus. Ainsi que l'histoire du mouvement prolétarien, des théories révolutionnaires et de leurs échecs, en particulier la bureaucratie d'Etat ou autrement dit : le spectaculaire concentré. Car tous les échecs des révolutions prolétaires peuvent se résumer par l'incapacité des différents mouvements révolutionnaires à appliquer la théorie dans la pratique et par là-même à se cantonner au rôle d'idéologies. Les solutions de Debord (il ne s'y attarde pas trop) sont de détruire toute hiérarchie pour mettre fin aux classes sociales et organiser le mouvement prolétaire en Conseils ouvriers. Solutions à quoi ? A la prolétarisation du monde : la séparation des individus du pouvoir, de la prise de décision, de la vie choisie. Bon, on se retrouve dans une rhétorique marxiste-révolutionnaire qui n'intéresse plus grand monde aujourd'hui. Peut-être parce que le spectaculaire a effectivement tout envahi ou peut-être parce que plus personne n'a conscience d'être prolétaire, ce qui revient au même dans l'esprit de Debord. Politique, politique… la cocaïne des intellos…
Les autres chapitres sont encore des analyses historiques de la perception du temps, de l'espace, de la culture, du langage.
Sur le détail, c'est un livre sans originalité philosophique. Il ne fait que reprendre et mixer les théories d'autres penseurs pour parfois en renverser le sens. Ce concept de spectacle, par exemple. Dans le premier chapitre Debord part du même constat que la vieille allégorie de la caverne de Platon. le monde est une représentation, un spectacle. Sauf qu'il en fait un problème conjoncturel. Là où un idéologue platonicien dirait « la vérité n'est pas de ce monde », Debord en dialecticien historique rétorquerait « le monde est devenu faux par votre faute. »
Commenter  J’apprécie          101



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}