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Critique de Luxi


Abonnée aux « mauvaises » lectures et aux abandons depuis deux semaines, j'avoue que mon moral commence à décliner. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est d'avoir à écrire une critique sur un roman que je n'ai pas aimé. Je ne suis personne pour rabaisser un travail. Mais à force d'abandonner lecture sur lecture, j'ai tout de même choisi de vous parler de ce roman de Grégoire Delacourt. Parce que même s'il ne m'a pas séduite, il reste tout de même gorgé de ravissants paragraphes et d'admirables réflexions. A sa façon, il sort du lot.
Étrange donc que ce roman qui m'a somptueusement emballée dans son premier tiers pour finir par m'exaspérer. Dès les premières pages, la plume de l'auteur m'a enchantée : poétique, lyrique même, à la fois charnelle et tout en délicatesse. Grégoire Delacourt exprime les bouleversements intérieurs d'une femme avec un art rare et remarquable – je n'aurais pas été surprise d'apprendre que ce roman avait été écrit par une femme : "Il me regarde et je suis nue au milieu du monde."
Certains passages sont magnifiques, ardents, aigus, mais ils se retrouvent mêlés à d'autres passages terriblement plombants. de la même façon, l'auteur nous livre des dialogues parfois superbes tant ils sont fins et mélodieux, mais beaucoup d'autres m'ont semblé surfaits et peu crédibles. Trop de lyrisme tue le lyrisme…
J'avoue avoir également été agacée par les nombreuses références qui ponctuent le livre : titres de chansons, d'oeuvres en tout genre… j'ai trouvé que cela surchargeait la lecture. Et malheureusement je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages et encore moins à Emmanuelle, l'héroïne du livre. A défaut de me toucher complètement, son désespoir m'a happée vers le bas. Emmanuelle m'a entraînée avec elle vers des obscurités perçantes où je n'avais aucune envie d'aller.
Au fond, ce qui m'a vraiment dérangée, c'est le virage soudain que prend le roman à la fin de sa première partie et que, pour ma part, je n'avais pas vu venir. C'est un sujet, certes, très intéressant, mais que je n'avais pas l'envie de lire. J'attendais un roman sur un coup de foudre qui vous cisaille et vous tord. J'attendais du désir, de la passion, de la folie. Je voulais un roman qui m'assomme, qui me laisse au sol, sidérée et merveilleusement brisée. Mais pour moi il y avait trop de drames, trop de noirceur, trop de fatalité, et au final j'étouffais, perdant l'envie de poursuivre ma lecture puisqu'il fallait ramper de plus en plus loin dans ces abysses de détresse.
Pour moi, le roman aurait gagné en puissance s'il avait été plus aérien et plus lumineux. de nombreuses thématiques sombres sont abordées et empêche le lecteur de respirer : la déchirure d'un couple, la mort, le deuil, la maladie… J'aurais préféré que Grégoire Delacourt se concentre sur sa toute première partie. Elle est là, pour moi, la beauté du livre. Et puis c'était ce propos qui m'intéressait : ce qui se passe dans le coeur, la chair et l'histoire d'une femme mariée lorsqu'elle se fracasse contre un inconnu. Ce qui chavire en soi et ce que l'on fracture autour de soi.
Je rappelle évidemment que ce roman ne m'a pas convaincue mais que je ne suis qu'un avis parmi des centaines d'autres avis et que ce roman recèle sincèrement de vraies beautés. Je retiendrai donc de ce roman cette première partie, intense, superbe dans ses flammes et son appétit, poignant dans sa perdition, emplie de fougue, d'ivresse, de frissons et d'effroi.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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