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Critique de Foufoubella


Mon père est un titre à entendre dans les deux sens du terme, le papa et l'homme d'église.
Édouard est un père, un papa meurtri. Son fils, Benjamin, a été violé par un prêtre et il déboule en furie, dans l'église, cassant tout sur son passage, pour en découdre avec le pédophile, l'homme qui a agressé son fils (je ne spoile rien, rassurez-vous ). Édouard veut la vérité crue, sans fioriture, au risque de ne pas être capable de l'entendre. Il veut savoir ce que ce monstre a fait à son enfant. S'en suivra un huis-clos entre deux hommes que tout oppose mais que beaucoup rapproche également.

Mon père est comme vous vous en doutez un roman dur et âpre, rien ne sera épargné. J'ai véritablement ressenti de la douleur à sa lecture- physique en ayant mal au creux de l'estomac, morale en ayant la nausée durant une bonne partie du récit. Grégoire Delacourt use d'une langue et d'un vocabulaire sans langue de bois, les mots sont dits et il nous place finalement en témoin silencieux de ce face à face brutal, nous obligeant également à regarder bien en face une vérité que l'on connaît tous mais que l'on préfère non pas ignorer ou taire mais laisser de côté. Car les abus de certains prêtres, bien connus de l'Eglise, sont cachés même si aujourd'hui cela s'apparente à un secret de polichinelle. On ne dénonce pas (il est faux de croire que le secret de la confession est absolu, il n'existe pas aux yeux de la loi, surtout s'il s'agit de protéger des mineurs), on préfère éloigner le "problème" et le déplacer. Ainsi il pourra poursuive ses saloperies ailleurs en toute impunité et sous la "bienveillance" de l'Eglise. Amen

Alors oui, l'Eglise est pointée du doigt ici, mais ce n'est pas la seule institution ni le seul endroit où l'omerta est de mise. Combien de personnes convaincues de harcèlement sont finalement déplacées voire obtiennent une promotion. Cela a toujours existé et existera encore tant que le silence restera la règle et la parole l'exception.

Merci à Grégoire Delacourt d'avoir donné une certaine forme de parole à tous ces enfants victimes, ces enfants qui n'ont pas pu parler, qui n'ont pas osé dénoncer par crainte de faire de la peine ou de peur, plus tristement, de ne pas être crus et entendus.

Lu en janvier 2021
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