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Critique de bdelhausse


Jacques Delarue revêt le costume du journaliste-historien pour cet ouvrage très mélangé sur les trafics et les crimes sous l'occupation. Le sujet est vaste. D'autant plus vaste que Delarue ne dit pas "trafics et crimes nazis"... donc il va aussi (et abondamment) parler de la collaboration.

Jacques Delarue est à la base un ouvrier devenu résistant suite à sa démobilisation en 1942, sous le couvert du statut de policier (commissaire de police en fin de carrière). C'est dire si ce sujet le touche, très profondément dans sa chair. Quand il cite des gens des Mouvements Unis de la Résistance, on peut supposer qu'il parle de proches, voire d'amis.

D'ailleurs, ouvrons le feu de suite, cet aspect "pathos grandiloquent" m'a gêné. Il y a des envolées lyrico-larmoyantes qui ne sont pas vraiment à leur place. Quelques jugements de valeur également. Je sais qu'il est bien difficile de ne pas s'empêcher, mais dans une prose (reconnaissons-le) simple, précise et concrète, très bien ficelée, ces envolées font tâche. D'autant plus que les deux premières parties sont sobres et informatives.

Le tome se décompose en 4 parties très inégales dans leur longueur, leur intérêt (pour moi) et leur qualité. Il parle du marché noir d'abord. Puis il refait le trajet de la Légion des Volontaires Français. Il parle de la destruction du Vieux Port de Marseille. Enfin, il aborde le parcours français de la Division SS Das Reich... tristement célèbre.

Rapidement... les deux premières parties sont sobres, journalistiques, elles posent le problème, citent une surabondance de chiffres... mais on en ressort parfaitement informé. Il parle de ces combinards, comme Monsieur Joseph ou Monsieur Michel, juifs collabos vaguement résistants et intéressés par l'argent. Il évoque la rue Lauriston et Bonny et ses acolytes "perfectionnant" les techniques d'interrogatoire. Ensuite, les déboires de la LVF sont passés au crible. C'est (autant que je puisse juger) exhaustif. D'ailleurs, ce souci d'exhaistivité va parfois desservir le propos de Jacque Delarue, trop de détails noie le lecteur.

La troisième partie, très courte, ne m'a pas touché. Je n'ai (honnêtement) pas vu le lien avec le reste. La quatrième partie est très longue. Trop longue à mon avis. On sent Delarue à fleur de peau pour les raisons évoquées plus haut.

La quatrième partie fait surtout le point sur les massacres de juin et juillet 44, comme Tulle, Argenton ou Oradour, bien sûr. On a un Delarue ému, visiblement (et on le serait à moins), mais un Delarue déterminé qui va interroger les derniers témoins, qui pousse ses investigations et débrouille les fils de l'Histoire qui s'accommodait (à l'époque) de demi vérités sur les vrais coupables d'Oradour, pour ne citer qu'un exemple. Il aurait pu (et personne ne le lui aurait reproché) se contenter de développer les grandes étapes des crimes perpétrés par la division SS, et résumer les autres faits et déplacements.

Jacques Delarue conclut, on le sent écoeuré, par un court chapitre où il parle des procès d'Oradour et du partage des responsabilités. Ce chapitre est tout à fait facultatif, à mon avis.

Une sacrée somme quand même que je suis content (même si le mot n'est pas vraiment adéquat) d'avoir lu.
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