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Critique de Lavieestunlongfleuvetranquille


« Je suis revenu d'entre les morts
et j'ai cru
que cela me donnait le droit
de parler aux autres
et quand je me suis retrouvée en face d'eux
je n'ai rien eu à leur dire
parce que
j'avais appris
là-bas
qu'on ne peut parler aux autres. »

« Je ne sais pas
Si vous pouvez faire encore
Quelque chose de moi
Si vous avez le courage d'essayer… »

Et voilà…je vais essayer Charlotte, une bien modeste contribution pour faire connaître une oeuvre que l'on aurait aimé ne jamais connaître.
Il y aura, dans mes nombreuses lectures, un avant et un après Charlotte Delbo, un avant et un après « Auschwitz et après » ; il y aura enfin, veuillez m'excuser pour cet étrange galimatias, la confirmation que l'écrit, quelle que soit sa forme (Delbo a également choisi le théâtre et la poésie pour s'exprimer), restera le vecteur le mieux adapté pour témoigner d'une expérience intérieure profonde et personnelle.

L'oeuvre est déclinée en trois partie et, sans dévaloriser les deux premières qui sont difficilement supportables, mais soulignent malgré tout que le pire peut aussi donner naissance à de magnifiques amitiés, à une solidarité époustouflante, à de vrais élans d'amour sans équivoque, ma préférence s'oriente pour la dernière intitulée « Mesure de nos jours », celle plus fictive ou la recherche d'un avenir se fera plurielle, hypothétique et douloureuse.

« Rentrer
c'était déjà demander l'impossible
c'était tout demander
oserait-on demander davantage ? »

Delbo fait parler des déportés – femmes et hommes, véritables ou fictionnels (Marie-Louise, Ida, Gaby, Poupette, Germaine, Denise, Françoise, Marcelline, Loulou, Jacques…), pour décrire des ressentis différents. Cette palette de témoignages, d'une banalité assourdissante et tellement commune possède un point commun, vous l'aurez sombrement deviné, mais possède surtout une humanité exceptionnelle dans la certitude que les « autres », ceux qui n'ont pas vécu l'atrocité, ceux qui n'en sont pas revenus ne pourront jamais comprendre, comprendre non pas ce qui est arrivé mais ce que l'horreur indicible a pu irrémédiablement casser au fonds de ces revenants.

La vie continue ? Oui et non. Oui car elle est plus forte que tout. Non pour de multiples raisons, pour ne pas oublier. Et comment, d'ailleurs, pourrait-on oublier ? Quand le présent nous démontre que tout peut recommencer…

« Quand la révolution viendra
je tirerais mon cerveau
de sa boîte crânienne
et je le secouerai sur la ville
et il en neigera
une neige de poussière
de sale poussière
couleur du temps présent
qui ternira l'écarlate des drapeaux

Et si elle tarde trop
je n'aurai même plus la force d'en faire tant. »
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