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Critique de Cigale17


Vincent Delecroix s'inspire d'une histoire vraie pour écrire ce roman : il le précise en préambule. En novembre 2021, un canot pneumatique rempli de migrants fait naufrage dans la Manche après avoir tenté en vain d'obtenir du secours après des autorités maritimes françaises. le bateau coulera sans que personne n'intervienne. Bilan : 27 morts.
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Naufrage est divisé en trois parties. Dans la première et dans la dernière partie, nous suivons l'opératrice du CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage), alors que dans la deuxième partie, nous sommes avec les migrants, sur le canot qui prend l'eau. Dans la première partie, nous voyons l'opératrice se débattre maladroitement pendant un interrogatoire mené par une capitaine de gendarmerie qui, pense-t-elle, lui ressemble physiquement : un double, mais inverse, pleine d'empathie et scandalisée par l'attitude de l'opératrice. Enfin, pourquoi n'a-t-elle pas donné suite aux 14 appels du jeune Kurde qui tentait d'obtenir du secours, appels qui ont tous été enregistrés ? Pourquoi traite-t-elle ces appels à l'aide avec une telle désinvolture, ces gens en détresse avec une telle indifférence ? L'opératrice va tenter de l'expliquer, mais ses explications l'enfoncent, font ressortir son désintérêt, son insensibilité, son habitude de telles situations, sa fatigue et le cynisme qui a fini par l'envahir. Dans la deuxième partie, on partage les espoirs des migrants, on comprend leur désillusion, on vit leur joie quand un bateau approche et leur accablement quand il disparaît sans avoir même tenté de leur apporter un peu d'aide. On retrouve l'opératrice dans une dernière partie plus personnelle, ou elle parle de sa vie et nous fait partager ses réflexions et ses interrogations.
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J'ai trouvé ce Naufrage particulièrement bien mené. le roman pose évidemment la question de la responsabilité, de toutes les responsabilités, collectives et individuelles. Il nous met le nez dans notre indifférence, dans nos indignations lointaines et inefficaces, dans notre propension à chercher et trouver des coupables. Vincent Delecroix nous avait prévenus avec sa très brève citation de Pascal en exergue : « Vous êtes embarqué ».
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