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Critique de caro64


Voici un premier roman parfaitement maîtrisé par un auteur qui, dès son coup d'essai, semble jouer de tous les procédés et bons tours des vieux briscards du noir, mais avec l'enthousiasme et la fraîcheur des débuts. Un polar étonnant et détonant au parfum du Sud-Ouest.

On n'échappe pas totalement aux fantômes du passé, on ne cesse jamais complètement d'être celui que l'on a été… et c'est finalement la meilleure des assurances-vie dans un monde de brutes, de truands et de vieilles sadiques ! Voilà une des morales possibles (mais pas la seule) sur laquelle pourrait se clore cette fantaisie criminelle. Laquelle fantaisie s'ouvre sur le départ en retraite, après trente-deux exécutions, du tueur professionnel Jon Ayaramandi, vieux basque comme vous pouvez vous en douter. Retraite heureuse à Largos, petite ville (imaginaire) du Sud-Ouest baignée de lumière et d'odeurs océanes, peuplée de lectures et d'huîtres avalées au rythme de disques de rock et de soul, rendue douce par la présence de Perle et de la petite Luna devenues comme une famille pour celui qui n'en avait jamais eu. Retraite interrompue au bout de quelques pages par l'apparition, au PMU du coin, de Burger, ancien collègue assassin et, très mauvais présage, par la disparition d'Al, pêcheur boiteux et taciturne dont Perle est tombée amoureuse… Voilà notre héros – pour Perle et Luna bien sûr, mais aussi pour Louise, jolie quadragénaire venue ranimer une libido en berne – obligé de se lancer bien malgré lui sur le sentier de la guerre, un sentier qu'il sait par avance couvert d'embûches et de cadavres.

Ce polar atypique, écrit à la première personne, au nom de Jon, habillé par une bande-son pointue et éclectique, a du rythme. Il tient la distance comme un morceau de rock garage ou alternatif, musique dont raffole le héros toujours dans le coup, en dépit de ses 68 ans. L'intrigue bien charpentée est parfaitement menée du début à la fin ; même si le méchant est rapidement identifié, du son sur les murs nous réserve plus d'un rebondissement. le roman vaut aussi par ses personnages : hauts en couleurs, ils prennent corps au fil des pages, et celui de son vieux tueur est une véritable réussite. En effet, Frantz Delplanque a créé ici un personnage singulier et ô combien sympathique qui suscite de l'empathie avec l'humanité qu'il dégage. Mais surtout, il y a le ton, juste et direct, les dialogues et l'écriture en général qui font de ce roman noir un livre plein de couleurs et de drôlerie où on s'amuse à repérer les clins d'oeil de l'auteur. Happé par l'humour irrésistible de ce papy flingueur, on ne décroche pas jusqu'à la dernière page. Et puis, il y a les paysages du sud des Landes, des barthes de l'Adour et du Pays basque qui défilent. Ainsi que cette ville imaginaire, Largos, qui pourrait bien être Tarnos. Une ode au Sud-Ouest. Tout pour me plaire !

Vous l'aurez compris, je me suis régalée ! Ce premier roman est vraiment réussi et je l'ai dévoré d'une seule traite. Un deuxième opus vient de paraître, et je suis impatiente de découvrir les nouvelles aventures de ce basque cynique et débonnaire car apparemment, il n'est pas prêt d'aspirer à une retraite paisible…

A déguster en écoutant les Who, JJ Cale… en fond sonore et un verre de Jurançon à portée de main. Un Uroulat pour moi !



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