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Critique de jeandubus


Eeklo.

Andréas Eeklo doit son patronyme à son arrière-arrière-grand-père « parti se trouver une femme en Belgique (…) Ce qui n'empêche, il a trouvé son âme soeur. Mais à cette époque il a fallu qu'il change de religion pour pouvoir l'épouser et de nom également (…) Il est revenu au pays. Mais dans ses bagages, il n'y avait que des clopes et des bières, aucune figue belge, tu me suis ? » (Page 80)

Eh bien non ! On ne suit pas trop les divagations de ce brave garçon qui fort d'un baccalauréat mention bien, s'embarque dans la marine nationale à dix-huit ans. Cette décision ne choque ni sa mère, ardéchoise fumeuse d'herbe et alcoolique mondaine ni son père qui fait une brève incursion au milieu du bouquin.

Prévoyant et malgré la sécurité d'une retraite après 10 ans d'engagement volontaire (vers 28 ans donc), Andréas se dit tout de suite qu'il doit assurer ses « vieux jours ». Aussi après avoir fait une escale en Argentine et gouté à la cocaïne lui vient l'idée lumineuse de faire du trafic de drogue.

Et puis bon, ça marche plutôt bien. N'en disons pas plus sur ce récit délirant émaillé de perles littéraires comme on n'en voit que chez certaines romancières de gare et surtout la panoplie complète des expressions courantes qu'une « mention bien » au bac aurait pu court-circuiter.

Quant au style....« ...Tandis que le barbecue attendait, braises brûlantes, de recevoir ses premières merguez » une vraie passion… ou encore : « Il aimait la façon dont elle s'habillait, ses amis le virent et se moquèrent de lui. Il ria… » Et oui, il ria.

Tant de naïveté ne décourage pas l'auteur qui dédie son livre plus ou moins autobiographique (je dis « moins » à cause du trafic de drogue entre autre) à sa famille, à ses amis, à sa femme Marie, à son fils Andréas (tiens, tiens) et qui du coup se sent obligé d'édulcorer son récit. (Même s'il s'emballe un peu dans le premier chapitre laissant entendre qu'il a eu littéralement "chaud aux fesses" lors de son baptême de néophyte).

Car Andréas fréquente des bars louches, des manoirs avec des croix en néon rouge au-dessus de la porte, des barmaids en latex noir ( "avec deux trous pour laisser aérée sa poitrine opulente") et des prostituées : « L'Ukrainienne se présenta face à Andréas. Elle était fine, des seins parfaits et un corps de magasine. Elle déshabilla Andréas et commença à lui faire une fellation » (Papa c'est quoi une fellation / Tais-toi Andreas c'est du roman) « Putain, où je suis tombé ? dit Andréas » That is the question…

Et que dire de cet imbécile d'Agent Herriot de la DSPD (les « boeuf carotte » de la Marine) qui cherche à faire tomber ce pauvre Andréas qui se prend pour un corsaire suite à une rencontre avec une vieille sorcière à Madagascar. Et c'est toujours « caramba encore raté » pour cet illuminé qui perd peu à peu le sens de sa vie. Un raté qui ne pense même pas à ses « vieux jours ».

Cette absence de réalisme assorti d'un mépris de tout ce qui peut être décor, psychologie, sens social ou politique et même, allez, bons sentiments et générosité deviennent gênant à force d'abandon de tout esprit critique, toute morale (et la morale n'est pas ce qui est le plus grave) .

Petit délinquant insolent et prétentieux, irresponsable, Andreas n'est certainement pas le doux rêveur évoqué dans la présentation de l'auteur, ni l'aventurier, « marin entre deux mondes » (lesquels d'ailleurs) du titre façon « doux noeuds ».

A aucun moment Bertrand Demars ne se remet en question et l'on doit assister sans pouvoir mais, au défilé de son autosatisfaction niaise et sans limite.

Merci à Masse critique pour cet envoi insolite. Merci à l'Editeur qui devrait cependant pousser ses auteurs à se relire.

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