Quand ils arrivèrent, toutes les lumières des vingt-cinq ou trente habitations brillaient. Plus d'un mètre de neige recouvrait les toits en terre.
Tu es notre invité, monsieur. Nous ne te demanderons ni pourquoi tu es venu ni quand tu reviendras. Peu importe qui franchit le seuil de notre maison, tout le monde a sa place ici.
Un an auparavant, exactement à la même période, tandis que ces garçons vivaient l'horreur dans les caves d'immeubles vides, ici, à Bodrum, on faisait probablement la fête la fête comme si de rien n'était. Et c'était vrai aussi dans de nombreux pays où les gens ignoraient que certains de leurs compatriotes se faisaient laminer jusqu'à l'anéantissement.
Étrange métier que le nôtre ! il n'y a pas un client qui passe le seuil avec un sourire joyeux. En outre, on ne marchande pas quand on entre chez nous. L'étiquette ne figure pas sur les articles et, la plupart du temps, il ne vient pas à l'esprit d'en demander le prix. Quelle qu'en soit la raison, nul ne pende que les pompes funèbres puissent pratiquer des prix exorbitants ou chercher à rouler les clients.
Le chef de gare
Une tristesse éternelle émane des vieilles gares. Les affres causées par les séparations, les adieux, les abandons, les allers sans perspective de retour se sont accumulées et comme sédimentées ici au fil des décennies, et cela fait bien longtemps que l'odeur de la sueur, du rail, du goudron et des larmes a imprégné ces murs décrépits. Au fronton de l'édifice, la grosse horloge semble indiquer perpétuellement la même heure. Le temps de la désolation, des ruptures...
Notre bourgade était vraiment misérable. Presque tous les habitants étaient brisés par la pauvreté, à l'exception de quelques familles. Les rares commerçants et marchands, dont la situation était un peu plus favorable, ne roulaient pas non plus sur l'or.