Le néant se tiendrait-il au bout du chemin ? Était-il concevable qu'en cette formidable nuit d'été, la mort vint les surprendre dans ce pur élan de survie ? Il est des lieux, des instants, des situationś, où l'incertitude existentielle altère le pouvoir de décision.
Quelque chose qui nous dépassait , qui allait au-delà de nos propres vies....un grand dessein au regard duquel la souffrance , les privations, la mort même, devaient être admises comme une condition sine qua non de son plein accomplissement. Le mouvement dans lequel nous nous inscrivions ne devait pas se concevoir sur le plan de l'affectif. C'eût été une erreur ! L'amour, les sentiments, la chaleur des moments intimes, le bonheur individuel, toutes choses inscrites dans le champs de l'émotionnel auraient pu annihiler les plus fortes de nos résolutions. La résistance, en ce printemps 43, devait s'entendre comme une abnégation de l'individu au profit de la cause.
Après tout ce temps, je me pose la question de savoir ce qui est le plus déterminant dans la vie d,un homme. Il y a ce que nous sommes ou ce que nous pensons être....et puis il y a nos actes. Sommes-nous certains de toujours agir selon notre volonté ? Mettre en harmonie nos agissements avec ce que l'on croit être ou ce que l'on croit représenter.
Le fils découvrait un père alors que ce dernier entamait le deuil d'une époque qui l'avait maintenu engourdi une bonne partie de sa vie.
Sous le toit de la maison de Missak Najarian, le temps venait de s'arrêter. Au-dehors, dans chaque quartier de Paris, dans chaque rue, au coeur de chaque maison, une froide menace se répandait. Le joug de l'occupant, en cette première nuit de domination, prenait ses marques.
Au petit matin, rien ne serait plus comme avant.