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Critique de Sharon


Louise Caumont, Violaine Menou, Thierry Saint-Orens. Ils sont trois gendarmes qui travaillent ensemble. Louise est le chef, la plus âgée. Elle est d'une rigueur toute militaire. Célibataire, elle vit seule avec son chat, et peine à répondre aux invitations de Violaine, de Thierry, voir à comprendre le mode de vie de cette jeune génération, qui s'engage tôt, qui fait les choses dans l'ordre et dans les règles (mariage, maison, enfants), elle qui n'est jamais parvenue à parler de son douloureux passé. C'est sa nouvelle enquête qui lui permettra - enfin - d'ouvrir les vannes. Mais quelle enquête.
Une jeune femme enceinte de huit mois est renversée par une voiture, au cours d'une violente tempête. Avant de mourir, elle a le temps de murmurer : "Save the others". Commence alors un travail de fourmi pour tenter de savoir qui était cette jeune femme, d'où elle venait, et pour le compte de qui elle portait cet enfant. Oui, la jeune victime était enceinte, mais c'était une GPA : autant dire que retrouver sa trace, et retrouver la trace de ceux à cause de qui elle était enceinte n'est pas simple.

Les mots que j'ai employés orientent, bien sûr, laissent à entendre mon point de vue sur la GPA. Jusqu'où certaines personnes sont-elles prêtes à aller pour avoir un enfant ? Moi, nulle part. Certaines personnes, très loin. Ces personnes ne désirent pas un enfant, elles désirent un enfant qui soit génétiquement le leur. Je suis sévère ? Oui. Parce que ce ne sont pas elles qui prennent des risques au cours de la grossesse, c'est la mère porteuse, c'est elle qui subira la grossesse, l'accouchement, et le post-partum, qui n'est jamais évoqué quand on parle de GPA "éthique" comme si tout s'arrêtait - physiquement - pour la femme après son accouchement.
Et si la GPA devenait un nouveau business bien lucratif pour de nouveaux trafiquants de chair humaine, si elle devenait un nouveau moyen d'exploiter les femmes, encore et toujours, de rentabiliser au maximum leur corps ?  Il existait déjà tant de moyen pour les trafiquants. La prostitution a bien des visages, et je me dis que certaines citations, sur les films pornographiques, feront tiquer certains lecteurs. Et pourtant, elles nous rappellent ce qu'est vraiment l'univers de la pornographie : "à y bien regarder, un film porno n'est rien d'autres qu'une passe sans fin, offertes à la concupiscence de centaines d'inconnus.... ". de même, en ce qui concerne la prostitution : la pénalisation de la clientèle n'a pas du tout amélioré le sort des prostituées (voir les chiffres donnés, via Louise Caumont, par l'autrice).

L'enquête est lente à se mettre en place, parce que les enquêteurs, qui sont bientôt rejoints par le major Vanessa Roumieu et le major Farid Benchik, doivent chercher partout, et qu'ils ne peuvent pas penser à tout. Les trafiquants non plus, ce qui est presque rassurants : c'est quand ils commettent des erreurs qu'on peut retrouver leurs pistes. C'est dans la seconde partie du récit que le rythme s'accélère, que les récits secondaires rejoignent le récit principal, que certains faits prennent sens, parfois même cruellement.
A travers Matrices, l'autrice nous interroge aussi sur la parentalité. Ce n'est pas tout de vouloir un enfant, il faut aussi savoir prendre soin de lui une fois qu'il est là, et force est de constater que ce n'est pas toujours le cas, que la violence éducative ordinaire n'est pas toujours visible au contraire de ses conséquences. Il faut aussi voir ce que l'on veut transmettre à son enfant, ce que l'on est prêt à faire - ou pas - pour qu'il vive sa vie du mieux possible. Vastes soucis. Les réponses données ne sont pas toujours celles que l'on attendait.
A lire si vous aimez les polars qui accrochent et interrogent sur les maux de notre société.
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