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Critique de Denis3


L'aquarelle, les pastels, couleurs telles qu'elles
OU
Dürer à la dure ? C'est pile ou face, ça dépend.

Agnès Desarthe rêve. Son livre ressemble à une succession de rêves éveillés.
Courts, agréables, couleur pastel ou aquarelle : elle explore le passé, à la fois réel et imaginaire, de ses parents, de ses grand-parents, et le sien. Ainsi nous nous promenons à Paris, en Normandie, en Europe de l'Est, même dans les camps pendant la guerre : soudain les couleurs chatoyantes virent au gris et au glauque. Très brièvement. Mais toujours nous revenons à cet immeuble du XIIIième arrondissement, rue du Château des Rentiers, où ses grands-parents avaient acheté un petit appartement. Et convié tous leurs amis à faire de même. Tous de Moldavie, tous juifs rescapés de la Seconde Guerre mondiale. L'immeuble était ainsi devenu une sorte de commune: les portes des logements restaient ouvertes, on entrait, on prenait le thé, on jouait aux cartes, on bavardait, on chantait puis on ressortait. Pour aller ailleurs. Joyeuse communauté, chaleureux milieu où il faisait bon vieillir avec ses amis. Agnès, qui sent poindre rides et cheveux gris, aimerait faire de même. Rêver semble être sa façon d'explorer un vécu hybride où se mêlent passé, présent et futur, le réel et l'imaginaire. C'est pourquoi elle rêve avant d'écrire et elle vit en écrivant. Tout ça communique et échange. Elle se met à rêver de ce qu'elle appelle une phalanstère, ou un EHPAD en autogestion …

J'ai passé un bon moment à partager les rêves couleur framboise d'Agnès. Ça me rappelle… le temps de mon enfance. Enfant très introverti, j'avais ma chambre et mes livres, que je relisais des dizaines de fois, et je rêvais. Beaucoup. Les années ont rajouté des anneaux à l'arbre, mais bien sûr il y a toujours cette curiosité, cet émerveillement. A seize ans, j'ai regardé autour de moi, et je me suis dit que je ne voulais pas de la vie que menaient tous ces gens. Et j'ai fait ce que j'ai pu pour en avoir une autre. Ce qui a impliqué l'adoption de tout un attirail analytique. Qui m'a quand même beaucoup changé. Ce n'est ni l'aquarelle ni le pastel, c'est le trait de plume du dessinateur à l'encre. Enfin, ça dépend. C'est pile ou face.





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