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Citations sur Évariste (91)

Tout est écrit et, de fait, sur Evariste on a beaucoup écrit. On ne compte plus les essais, les biographies, les témoignages de contemporains. On ne compte plus les colloques, les mémoires, les thèses, les articles. On a dit tout et son contraire : on s'est souvent trompé. On a dit à tort qu'il fut victime d'un complot ; à raison qu'il fut aux mathématiques ce qu'à la poésie fut Arthur Rimbaud : un Rimbaud qui n'aurait pas eu le temps de nous envoyer la Saison à la gueule ; qui aurait cassé sa pipe après Le bateau ivre, les vingt-cinq quatrains depuis le fin fond des Ardennes envoyés à la gueule de Verlaine en même temps qu'à celle de Paris ; un Rimbaud qui n'aurait connu ni Harar ni Aden ni les dents d'éléphant ni la scie sur la jambe à Marseille : parce qu'en vérité c'est la fin du dormeur que ce Rimbaud a connue, c'est le trou de verdure, la nuque baignant dans le frais cresson bleu, le soleil, la main sur la poitrine. Le trou rouge au côté droit.
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Alors parlons politique, puisqu'il nous y oblige. Au pouvoir, on le sait, il y avait le roi, Louis-Philippe, or le roi, on le sait aussi, ne faisait que régner ; il ne gouvernait pas. Celui qui gouvernait, alors, s'appelait Casimir Perier, banquier devenu président du Conseil, chef de file du parti de la Résistance qui au-dedans voulait l'ordre sans sacrifice pour la liberté, et au-dehors la paix sans qu'il en coûtât rien à l'honneur. Et de fait il eut et l'ordre et la paix, mais au prix de la liberté et dans le déshonneur : il matait les révoltes à grands coups de grandes seringues à clystère, de sabres et de fusils, à grand renfort de fantassins et de dragons suppléant la Garde nationale, ce legs de 89 habilement transformé en milice de bourgeois bedonnants qui préféraient une injusdce à un désordre.
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On sait qu'Evariste — d'emblée appelons-le Evariste — eut pour père Gabriel Galois, et de Gabriel Galois on ne sait pas grand-chose, si ce n'est qu'il fut le père d’Evariste (voyez comme une phrase, sous des dehors anodins, peut regorger d'indicible cruauté : que l'on puisse, après sa mort, réduire à sa seule qualité de père un homme qui vécut cinquante-quatre années, voilà qui devrait inciter les autres à cesser tout commerce charnel — et au diable l'humanité).
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Delacroix a écrit quelque part, dans son journal peut-être — lorsqu'il ne peignait pas La Mort de Sardanapale ou La Liberté guidant le peuple, Delacroix troquait son pinceau pour une plume et, d’une inain lissant ses moustaches de maharaja, tenait de l'autre un journal —, que « la pratique d'un art demande un homme tout entier ».
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De même que l’écrivain pour qui une phrase n’est pas une phrase tant qu’elle n’est pas la phrase, pour qui le texte est corps et souffle, rythme et puissance, grâce et poésie, pèse chaque mot avant de le placer dans l’écrin de ses pages, s’incarne dans le verbe, est le Verbe en personne, le mathématicien qui dans une simple formule ne perçoit pas autre chose qu’une suite de nombres et de symboles obscurs, mystérieux, mais un moyen de se soustraire au monde pour mieux s’en emparer, d’échapper au réel pour mieux l’assujettir, ce mathématicien-là, mademoiselle, s’incarne dans le nombre comme l’écrivain dans le verbe, est le Nombre en personne. Évariste, quand il fait des mathématiques - et à cette époque il ne fait que cela - est le Nombre en personne.
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C'est en 1775 que Gabriel Galois vint au monde — la généalogie est formelle, aussi formelle que les encyclopédies grâce à quoi on sait que la même année Goethe s'établit à Weimar, Beaumarchais joue son Barbier au Théâtre-Français, Pougatchev est décapité à la hache, et le jeune Mozart, qui n'a pas vingt ans, est à Salzbourg où Haydn à son sujet se répand en louanges. Les hommes vaquent à leurs occupations, la vie suit son cours, et celle de Gabriel Galois va bientôt commencer.
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L'Histoire bégaie, se répète, c'est une vieille rombière qui radote sans cesse (...)
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Il n'y a guère que les lycées pour faire trembler le château : quand ils se barricadent, quand la jeunesse est dans la rue, la rue exhale comme un parfum de révolution, de Grand Soir, de lendemains qui fredonnent. Puis les vacances arrivent; chacun rentre chez soi (c'est qu'en fin d'année il y a le bac, l'année prochaine les études de droit, et dans vingt ans le vote à droite).
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Le mathématicien est un aveugle dans une pièce noire cherchant à voir un chat noir qui souvent n'est pas là.
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« Lui qui n’avait jamais cru en rien, pas même à la poésie, voilà qu’il croyait aux mathématiques, qu’il y voyait l’alphabet grâce auquel, après le claquement de doigt originel, l’univers fut écrit. » (p. 27)
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