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Critique de Millelivres


Je n'aurais pas dû lire ce livre. Non pas qu'il soit mauvais, il est même passionnant pour peu que vous ayez un certain intérêt pour son sujet : Jean d'Ormesson. Avec ce livre, Sophie des Déserts a écrit les mémoires que Jean d'O s'est toujours refusé à rédiger. le style en est alerte, l'écriture impeccable, tout à fait à la hauteur du personnage.
Mais voilà : j'aimais beaucoup Jean d'Ormesson. J'ai lu presque tout ce qu'il a publié. Bien sûr, avec lui, j'avais parfois l'impression de lire toujours le même livre, et aussi, forcément, quelque chose de très convenu. Mais j'ai écrit ailleurs qu'il faisait une littérature pour fauteuil de cuir, verre d'Armagnac et chat sur les genoux. J'aurais pu ajouter pour balcon sur le Grand Canal de Venise, ou pour une arrière-cour à l'ombre d'un figuier dans une ile grecque. J'entends par là que son écriture était pour moi bienfaisante, heureuse, une écriture de soleil même, et en cela, le titre choisi par Sophie des Déserts lui rend parfaitement justice. Et cela me convenait très bien (surtout l'Armagnac..)
Mon problème, c'est qu'en lisant ce livre, j'ai eu la même impression que si j'avais rencontré le Général de Gaulle en caleçon et fixe-chaussette. Ou, pire encore, si j'avais vu mes parents faire l'amour. Il y a des images qu'on se refuse à voir. Je ne reproche surtout pas à Sophie des Déserts d'avoir renoncé à l'hagiographie et montré le côté déplaisant du personnage, c'est au contraire tout à son honneur. C'est Jean d'Ormesson qui me déçoit : ce supposé grand homme était moralement petit. Arrogant, conformiste, cultivant l'entre-soi et la connivence. Accessoirement, un satyre aussi. Il serait né 20 ans plus tard, l'ex-grand-père préféré des Français aurait probablement tous les #Metoo de France et de Navarre accrochés aux basques, façon Depardieu.
Alors on en revient toujours à la même question : faut-il séparer l'artiste de son oeuvre ? La même question, mais pour des raisons évidemment différentes, que pour Céline, Paul Morand, et tant d'autres. Je n'ai pas la réponse. Mais au moins Sophie des Déserts verse une nouvelle pièce au dossier.
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