Quelle drôle de lecture que cette
Méduse ! Sélectionné par l'équipe de ma librairie locale pour son café littéraire, j'ai été séduite par le titre de ce roman et sa jolie couverture.
Le rythme très rapide façon micro-chapitre a joué aussi : très facile à placer entre d'autres activités, bonne découpe qui rend l'intrigue agréable à suivre et la possibilité de respirer entre deux récits horribles. En effet, bien que le roman soit court, j'ai du prendre quelques pauses pour m'aérer l'esprit ou réfléchir sur ce que je venais de lire. Encore aujourd'hui, je ne sais pas dans quelle catégorie ranger ce livre : il est pour le moins surprenant ! Tantôt sublime, tantôt répugnant. J'imagine que ça rejoint l'idée de niveaux de lecture ciblée par d'autres critiques à juste titre.
L'un des aspects que j'ai préféré dans
Méduse, c'est l'utilisation d'un vocabulaire soutenu et varié, usant et abusant de termes rares ou même de néologismes. Ce style qui peut paraitre un peu poussif ou "m'as-tu vu" fait écho aux voeux d'érudition et lecture du personnage principal, et je trouve ça très charmant. C'est presqu'uniquement derrière ses mots que l'ont peut s'approcher un peu de la demoiselle tant cette dernière est distante -à raison.
En revanche, je n'ai pas trouvé ce texte particulièrement féministe. Il l'est, mais pas assez pour mes goûts. de plus, l'intrigue avance
grâce à des personnages masculins (son père, l'armateur, le voleur) plutôt que grâce à ses propres décisions -c'est très dommageable quand à l'image de la femme forte qui se construit. Aussi, je trouve que le final façon "good for her" où tous les antagonistes sont punis, etc. ne relève pas du féminisme, mais du règlement de compte. En effet, même si j'ai beaucoup apprécié lire cette vengeance, je me questionne sur la morale -mais après tout, le roman avait-il besoin d'un morale à la fin?
Enfin, je m'interrogeais longuement sur l'utilisation soutenu du champ lexical des relations sexuelles. Je suis comblée par la réponse apportée à cette question. Et, bon, le fait que tous les personnages masculins soient des têtes à claque, ça change un peu et ça fait sourire. Un sourire accompagné d'un peu de dégoût (pensée à toutes les femmes qui se sont reconnues derrière certaines phrases ou situations). C'est bien là la force de l'oeuvre : sous couvert d'histoire fantastique et "tirée par les cheveux", on est mis très mal à l'aise et les sentiments sont sollicités dans tous les sens. A titre personnel, j'ai redouté qu'on migre en parodie douteuse des 120 journées de Sodome (l'arc de l'institut n'a pas été sans me rappeler cette autre lecture), et j'ai été incroyablement soulagée que ça ne soit pas du tout le cas.
Je recommande cette lecture aux curieuses et curieux, et fanas de
Méduse en règle générale. Beaucoup moins aux personnes sensibles qui pourraient être rebutées par certaines scènes (
violence, insultes, maltraitance, abandon, harcèlement sexuel, mort d'enfants, exploitation d'enfants, exploitation de handicaps, etc ). Je pense que je le lirai une seconde fois, afin de mieux savourer les sous-entendus et chapitres maintenant que je connais la révélation finale. Bonne lecture à vous !