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Critique de Pancrace


J'émerge à l'instant de la boue du bout du monde, de la fange du Gange où doit éclore une déesse à Bénares pour étancher la bassesse des hommes.
Chinti, dix ans sera la fille de Kali, c'est Shivnath l'homme de Dieu qui le veut et qui pour ça, l'emporte. « Son corps est si léger et si lourd de promesses… »

Ananda Devi avouait à la grande librairie que la genèse de ce livre est due à un choc ressenti lorsqu'elle a vu des myriades de prostituées suivre les pèlerinages religieux afin de satisfaire les pulsions sexuelles des pèlerins bien plus conséquentes pour parfaire la purification et mieux se concentrer sur la dévotion.
« Imaginez que leur sexe les trahisse au milieu de la prière, parmi tous les pèlerins. »
Pauvres petits hommes asservis au rigide lingam inassouvi !

Dès les premières lignes le ton est donné, ma zone de confort a été bien vite dépassée lorsque je me suis retrouvé projeté dans la Ruelle suffocante de puanteur et de misère où Veena se donne chaque nuit, juste pour survivre avec sa fille Chinti confinée, abandonnée sans amour derrière un morceau de contreplaqué.
« Survivre ne vous donne guère le temps de vous préoccuper d'amour. »
De cette même Ruelle, Sadhana, une hijra offrira à Chinti sa tendre affection, véritable bouffée d'oxygène dans cette atmosphère crasseuse et corrompue. Ces femmes qui naissent dans un corps d'homme, constituent le troisième sexe présent depuis 4000 ans en Inde.
Elles obtiennent leur divinité dans l'émasculation au couteau qui leurs confèrent la possibilité de donner la bénédiction aux mariages et aux naissances.
Cependant, la majorité des hommes leurs crachent dessus et les agressent.
« Notre aura semble à certains un pouvoir obscur, d'autres y voient une barrière insupportable. »
Toutes ces femmes de riens vont se liguer pour faire exploser les desseins de Shivnath, bouffi de son outrageuse sainteté.

De cette glaise de fatalité putride Ananda Devi extirpe la noirceur de l'inhumanité pour façonner un roman de colère et d'exaspération qui tel un Golem doit ravager l'ignorance, bannir la pédophilie, éradiquer les viols et faire germer des sentiments plus sages, des existences plus équilibrées dans ce pays où la religion excuse tout aux hommes.

De cette histoire vous en connaissez maintenant l'essentiel mais vous n'en avez toujours pas les mots qui cisaillent, qui percutent, qui fouillent et surpassent la haine, l'amour et la mort.

N'hésitez pas.




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