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Critique de Patlancien


C'est toujours un plaisir renouvelé que de découvrir un nouveau roman dans la collection Une Heure Lumière, cette édition qui sait également briller par la qualité de ses couvertures.

C'est aussi en lisant le billet de mon amie Feygirl que j'ai eu envie à mon tour de me promener une année entière dans cet étrange monde-ville créé de toute pièce par un jeune écrivain américain de SF qui répond au nom de Paul di Filippo.

Dans cette novella qui se rattache au genre new weird, on suit les aventures de Diego Patchen, écrivain de « Cosmos Fiction » (équivalent de notre SF) dans une ville immense composée d'une seule et unique rue dont les immeubles sont bordés d'un côté par une ligne de chemin de fer et de l'autre par le fleuve. Les habitants de ce monde n'ont de cesse que de parcourir ce monde d'aval en amont en empruntant soit le train soit le bateau. Diego qui réside dans le 10 394 850e Bloc d'un des quartiers de l'immense cité, partage sa vie entre un père acariâtre et sa maitresse, une plantureuse femme-pompier. C'est avec un élégant scénario teinté d'une empreinte fantastique que l'auteur nous brosse un univers à la fois urbain par ses descriptions mais infini par ses dimensions.

Le style de l'auteur vif et décapant permet de se glisser rapidement dans l'histoire mais aussi d'aborder des thèmes qu'on n'attendait pas à trouver dans une nouvelle aussi courte. En voulant nous montrer que le récit de SF n'est pas une littérature de seconde zone, Paul di Filippo s'attaque à nos différences culturelles, à nos croyances et autres idées sur la mort, nos addictions, nos relations aux autres. En une centaine de pages, il arrive sans aucun détour à nous faire réfléchir sur notre condition humaine. L'infinitude de cette ville, sorte de ruban de Möbius, devient un terrain favorable à la réflexion philosophique en se transformant en subtile équilibre entre un l'enfer de Dante et son paradis inaccessible.

Avec « un an dans la ville-rue » Paul di Filippo rentre par la grande porte dans l'univers des auteurs novellistes. Il sait rapidement nous entraîner dans son histoire tout en rendant ses personnages crédibles. On sait que ce format court est exigeant et qu'il nécessite une maitrise et un professionnalisme hors pair pour l'auteur qui le pratique. C'est une belle forme d'exploration urbaine qui nous est proposée ici et que je vous invite à découvrir ensemble pour notre plus grand plaisir.

« Faute de bénéficier du service occulte des Psychopompes, les habitants devaient gérer de leur mieux les dépouilles de leurs proches. Au sein de cet étrange royaume, on brûlait les cadavres, ou on les lestait et on les immergeait. Un corps de Médiateurs de la mort était apparu qui se chargeait de cette tâche déplaisante, contre rémunération par nécessité. Mais la pauvreté forçait souvent les classes inférieures à disposer de ces restes en toute illégalité, dans des décharges sauvages ou à bord des équivalents locaux des Trains et des Navires. »
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