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Critique de POY1


POY1
04 février 2023
Je remercie Monsieur Diakité pour cet essai ! Enfin un ouvrage sur l'Afrique par un Africain qui se veut réaliste, sans faux semblant et dénué de toute idéologie.

Cet essai donne les faiblesses et surtout les forces de ce continent depuis la fin de la décolonisation. Premier par ses richesses, capable de subvenir à ses propres besoins, l'Afrique est la dernière dans tous les classements, mortalité, violence, développement, innovation et création, action pour le climat, scolarisation.

Tidiane Diakité ne nie pas que l'esclavage, d'abord, puis la colonisation, ensuite, ont façonné l'Afrique et l'état d'esprit africain. Faut-il pour autant que les Africains continuent à vivre avec ce passé, revendiquent compensation aux torts qu'Occidentaux et Arabes leur ont causés et ne se projettent pas plutôt vers l'avenir en ayant conscience de leurs potentiels ? Ce fatalisme et cette acceptation de passer après les autres ne permet pas à ce continent de se développer. L'état d'esprit doit changer.

Après la traite et la colonisation, l'Afrique du XXIème siècle s'est jetée dans les bras des Chinois. Pour Diakité, c'est encore le même cercle qui se répète. Les Chinois prennent tout ce qu'il y a, sans aider à construire durablement l'Afrique, perpétuant la corruption et en déversant leurs produits de consommation, tels les colifichets des négriers, aux Africains mourant de faim mais cherchant à acquérir des appareils électroniques. Même effet, même résultat.

L'Afrique demande compensation pour l'esclavage passé, acte évidemment inhumain, mais que fait elle contre l'esclavage moderne sévissant sur son continent, contre l'exploitation des enfants, la violence envers les femmes et le respect de la démocratie. Tidiane Diakité est direct mais il se veut factuel. L'Afrique doit avoir la volonté de se relever, de cesser de ressasser le passé pour se projeter sur un avenir favorable. Elle a créé des états démocratiques, mais la plupart d'entres eux sont des dictatures. Elle a créé l'Organisation de l'union africaine, à l'image sa cousine européenne, qui n'apporte rien si ce n'est cautionner les dictatures. Quelle est la politique agricole alors que le continent souffre de la faim ? Où en est la scolarisation des enfants, des femmes alors que le continent manque de têtes pensantes et de démocratie ? Où en est le développement de la transformation des matières premières alors qu'une fois extraites elles partent à l'étranger laissant des terres désolées ? Où en est la politique climatique alors que le monde entier vient piller les richesses forestières ? Qu'en est-il du désendettement des Etats, non pas forcément par les bailleurs, mais aussi par les gouvernants africains (quand Mobutu est décédé en 1998, il disposait de 8 milliards de dollars en Suisse, alors que son pays, le Zaïre, avait une dette de 15 milliards !) ?

Triste constat que fait l'auteur mais c'est aussi un essai plein d'espoir à condition que le continent fasse un jour sien de ces analyses. C'est pourquoi, je conseille ce livre qui, à mon sens, recale les horloges et appelle un chat, un chat.
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